Lors d’un vote historique le 28 juillet, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu à une écrasante majorité le droit de l’homme à un environnement propre, sain et durable. Franciscans International se félicite du soutien de 161 États à cette résolution, qui affirme qu’un environnement sain est effectivement un droit de l’homme qui devrait être protégé et garanti à tous sans discrimination. Il s’agit d’une étape importante vers le renforcement des efforts internationaux et nationaux visant à préserver l’environnement dans le monde entier.

« La reconnaissance universelle d’un environnement propre, sain et durable constitue une réponse puissante et efficace qui, nous l’espérons, catalysera des changements transformateurs dans nos sociétés, notamment en générant un changement de paradigme sur ce que devrait être notre relation à l’environnement et aux écosystèmes », a déclaré l’ambassadrice Maritza Chan Valverde du Costa Rica, qui a présenté la résolution. Elle a également exprimé l’espoir que la reconnaissance universelle contribuera à améliorer les résultats en matière d’environnement pour les États qui ont déjà inscrit ce droit dans leur législation nationale et fournira un point de départ pour des changements constitutionnels et législatifs dans les États qui ne l’ont pas encore fait.

Par sa décision, l’Assemblée générale a également réaffirmé une résolution adoptée en octobre 2021 par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui a été la première à reconnaître officiellement ce droit au niveau international. Toutefois, l’Assemblée générale étant le seul organe de l’ONU au sein duquel tous les États membres sont représentés sur un pied d’égalité, le vote d’aujourd’hui revêt une importance supplémentaire.

« Cette décision est véritablement historique. Elle intervient à un moment où tous les signaux d’alarme sont au rouge et où nous sommes rapidement à court d’options pour éviter une catastrophe environnementale mondiale », a déclaré Sandra Epal-Ratjen, directrice du plaidoyer international de FI. « Il est désormais indéniable que le droit à un environnement propre, sain et durable est un droit de l’homme dont chacun doit pouvoir jouir. Après ce vote, tous les États doivent s’engager à le réaliser ».

La reconnaissance du droit à un environnement sain intervient à l’issue d’une campagne internationale de sensibilisation longue et soutenue menée par de larges coalitions et fait suite aux appels lancés par plus de 1.350 organisations de la société civile, peuples autochtones, mouvements sociaux et communautés locales. La décision de l’Assemblée générale envoie également un message fort confirmant que la lutte pour la justice environnementale est bien une lutte pour les droits de l’homme.

FI continuera à travailler en étroite collaboration avec les Franciscains et d’autres partenaires dans le monde entier pour plaider en faveur de la mise en œuvre complète et concrète de ce droit comme base de politiques environnementales plus justes et plus efficaces.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.

Avec l’élection du président Marcos en mai 2022, les Philippines ont entamé un nouveau chapitre de leur histoire troublée en matière de droits de l’homme. La nouvelle administration a pris ses fonctions après une campagne controversée, entachée d’allégations de désinformation généralisée, et devra décider de la manière dont elle gère l’héritage de la soi-disant « guerre contre la drogue » du président Duterte, au cours de laquelle des dizaines de milliers de Philippins ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires.

« Je crains que le résultat de ces élections n’entraîne la poursuite des guerres lancées par l’administration Duterte : la guerre contre la drogue, la guerre contre les marginalisés, la guerre contre la lutte contre le Covid-19 », déclare Frère Angel Cortez OFM, qui s’est rendu à Genève à l’occasion de la 50e session du Conseil des droits de l’homme. « Il place les familles des victimes dans un vide et leur rappellera constamment la douleur de la perte d’un être cher.

Dans le cadre d’une alliance de la société civile qui comprend des réseaux confessionnels, les Franciscains ont plaidé en faveur de la responsabilisation pour les violations commises sous l’administration Duterte. Par le passé, Brother Angel s’est adressé à plusieurs reprises au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et à des diplomates à Genève, fournissant des mises à jour sur le terrain et partageant les témoignages des victimes.

Ces efforts ont contribué à une enquête publiée par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme en 2020, qui fournit des preuves de graves violations des droits de l’homme, y compris des meurtres, des détentions arbitraires, ainsi que la diffamation de la dissidence. Le rapport fait également état de l’impunité persistante et des obstacles considérables auxquels se heurtent les victimes pour accéder à la justice.

« Nous sommes encore dans un processus de deuil, mais nous devons aussi recommencer à travailler avec le peuple philippin », a déclaré Brother Angel. « Nous continuerons à demander une enquête internationale indépendante. Nous demandons également des critères de référence en matière de droits de l’homme basés sur le rapport du Haut Commissaire, car la situation s’est en fait aggravée plutôt qu’améliorée. » La situation des droits de l’homme aux Philippines reste précaire, en particulier pour les défenseurs des droits de l’homme qui critiquent le gouvernement. Les obstacles internes à l’obtention de la justice étant pratiquement insurmontables, les Franciscains continueront à soulever cette situation aux Nations Unies et à plaider en faveur d’une enquête internationale afin de répondre aux violations passées et de mettre fin à l’impunité qui prévaut dans le pays.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.e.

Aux États membres et aux observateurs du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies

Alors que la 47ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH) se déroule du 21 juin au 15 juillet 2021, les organisations de la société civile et des peuples autochtones soussignées appellent les États membres des Nations Unies, par l’intermédiaire du CDH, à désigner lors de cette session un nouveau Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et le changement climatique.

Le changement climatique est une menace existentielle pour l’humanité, mettant en péril la réalisation de tous les droits de l’homme pour les générations actuelles et futures. Alors que les impacts de la crise climatique s’aggravent et accentuent les formes croisées de discrimination à l’encontre de divers peuples, individus et groupes dans nos sociétés, l’action ne peut plus être reportée au CDH et des mesures urgentes doivent être adoptées pour protéger les personnes et la planète. La question du changement climatique ne peut plus être laissée seulement à d’intéressants dialogues interactifs ou aux différentes procédures spéciales existantes pour qu’elles l’abordent quand elles le peuvent, même si leurs diverses contributions ont été remarquables.

La création d’un mandat de Rapporteur spécial dédié aux défis du changement climatique est une demande de longue date d’un nombre croissant d’organisations de la société civile et de Peuples Autochtones, étant donné qu’un mandat dédié permettrait au CDH d’élever son travail sur le changement climatique d’une manière systématique et durable, de protéger les populations de l’emballement du changement climatique et de ses impacts inévitables, et de promouvoir le respect des droits de l’homme dans les réponses au changement climatique. En termes simples, le changement climatique doit être une priorité plus élevée au CDH.

En 2019, les Îles Marshall, au nom du Climate Vulnerable Forum (CVF), ont appelé à la création d’un rapporteur spécial du CDH dédié aux droits de l’homme et au changement climatique lors de la 25e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Au cours des deux dernières années, cette proposition a pris de l’ampleur parmi les États. Lors de la 46ème session du Conseil des droits de l’homme en mars 2021, dans un geste sans précédent, un groupe transrégional de 56 États a rejoint le Bangladesh dans une déclaration appelant les membres du Conseil à envisager la création de ce nouveau mandat.

Il est maintenant urgent de donner suite à ces déclarations. Nous, les soussignés, réitérons donc notre appel exhortant les États à créer un nouveau Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et le changement climatique lors de la 47ème session du Conseil des droits de l’homme.

l y a environ un an, Franciscans International (FI) publiait sa deuxième déclaration sur la pandémie de la COVID-19, les réponses face à celle-ci, et ses impacts multiples sur les droits de l’homme. Dans cette déclaration, nous avions choisi de nous concentrer sur deux enjeux de droits de l’homme – l’extrême pauvreté et la justice environnementale – qui sont centraux à notre travail, et à celui des franciscains et de nos autres partenaires.  

Au cours des 12 derniers mois, FI a donc continué à recevoir des témoignages de son réseau sur la manière dont la COVID-19 a dévoilé et intensifié les inégalités sociales et économiques, la discrimination de genre et raciale, et les autres impacts. Nous avons aussi documenté comment la pandémie est devenue une opportunité manquée d’adopter les mesures urgentes que la crise environnementale appelle à prendre. En choisissant ce double prisme, nous avons été très attentifs aux appels à la solidarité internationale et au besoin de renforcer, plutôt que de miner, le multilatéralisme pendant cette période. FI a analysé et soumis à plusieurs organes et agences des Nations-Unies l’information reçue des partenaires sur le terrain.  

En particulier, les franciscains et autres partenaires en Afrique, dans les Amériques et en Asie-Pacifique ont partagé avec nous la manière concrète dont les individus et les communautés déjà marginalisés et discriminés souffrent en ces temps.  

Ceci est vrai pour les peuples autochtones dans les pays comme le Brésil et le Guatemala où les communautés ont eu des difficultés d’accès aux respirateurs, aux vaccins, mais aussi aux moyens de subsistance habituels, notamment les marché alimentaires locaux pour vendre leur récolte, tout en continuant à être la cible de répression et d’intimidation par l’Etat et les acteurs privés. Au Kenya, les franciscains soutiennent des communautés rurales qui ne sont pas protégées par l’Etat contre les effets néfastes cumulés de la sécheresse, l’invasion des criquets, le changement climatique et la COVID-19. Les manifestations qui sont réprimées en ce moment en Colombie sont un des exemples du refus des victimes de la pandémie et de la crise des droits de l’homme qu’elle engendre, d’accepter encore plus d’inégalités et d’injustices économiques et sociales. En Indonésie, le président a officiellement promulgué une nouvelle loi en novembre 2020 qui a pour objectif d’attirer l’investissement et de créer des emplois. Cette loi a été grandement critiquée par les organisations de la société civile car il est à craindre qu’elle perpétue les inégalités et qu’elle affecte l’accès à leurs terres pour les peuples autochtones vivant dans et aux alentours de la forêt. En effet, il existe un véritable risque que cette nouvelle loi les désavantage par rapport aux entreprises et leurs intérêts commerciaux, surtout dans la région de la Papouasie Occidentale.  

Dans ce contexte, le manque flagrant de solidarité internationale a été illustré dans plusieurs débat des Nations-Unies, notamment ceux autour de l’accès aux vaccins à travers le monde. De plus, nous avons observé une grande réticence des Etats à exprimer leur soutien à la nécessité de préserver et renforcer les services publics comme les services de santé, ou à prendre des approches conformes aux droits de l’homme dans les espaces multilatéraux comme ceux concernant la protection environnementale.  

Dans le domaine de la lutte pour un environnement sûr, propre et sain, et donc un véritable développement durable, la deuxième déclaration de FI a alerté sur les Etats qui abaissent les normes de protection de l’environnement et les ambitions pour le climat. Après quelques discours prometteurs, surtout en Europe, sur la nécessité d’un changement de paradigme et pour une reprise « verte », nous déplorons que beaucoup d’Etats ont, à la place, eu recours aux mêmes vieilles recettes pour rebooster leurs économies : activités d’extraction accrues et exploitation des ressources naturelles.  

Ceci est le cas par exemple des Iles Salomon où les effets du changement climatique se font déjà grandement ressentir et où les franciscains dénoncent l’impact de l’exploitation forestière en plein essor. Aux Philippines, en avril 2021, le président a levé un moratorium de neuf ans sur l’attribution des permis aux nouvelles opérations minières, ce qui va intensifier les menaces déjà existantes contre les dirigeants autochtones et les défenseurs environnementaux. Au Brésil, des tentatives d’adoption d’une nouvelle législation ont eu lieu afin de ne plus avoir à consulter les peuples autochtones et les autres communautés et de rendre moins stricte la réglementation environnementale. Une partie de cette législation attribuerait des licences aux mégaprojets sans devoir faire d’étude sur l’impact environnemental1. Dans ce contexte, FI et les franciscains dans les pays comme le Brésil, les Philippines et la Colombie, partagent la grande inquiétude de la société civile au sens large et des mouvements sociaux concernant l’augmentation des attaques envers les défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement.  

D’autres, notamment les pays développés, ont donné des millions de leurs plans de relance à de grandes entreprises qui ne vont ni investir dans des productions plus « vertes », ni contribuer à établir des sociétés plus égalitaires.2 A la dernière session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU en mars 2021, FI a suivi plusieurs débats qui ont montré que le déni de la triple crise environnementale (biodiversité, pollution et climat) est toujours présent et amène à l’incapacité de prendre des décisions urgentes et audacieuses pour ralentir les attaques contre notre planète et de rehausser nos ambitions pour drastiquement réduire notre impact néfaste sur celle-ci.  

Au-delà de toutes ces différentes causes de frustration et découragement, à FI nous avons de nouveau été privilégiés de travailler avec les franciscains et d’autres partenaires à travers le globe qui contribuent à réduire les injustices et à fournir une aide spirituelle, matérielle et juridique à leurs communautés. En partenariat avec ce réseau, et malgré les restrictions liées à la pandémie, FI continue de contribuer à ce que le système onusien puisse entendre les voix de celles et ceux vivant au cœur des circonstances les plus difficiles, mais qui sont aussi des acteurs et actrices du changement et de l’espoir.  

Nos précédentes déclarations sur le COVID-19 et les droits de l’homme: 

En 2019, les Îles Marshall, au nom du Climate Vulnerable Forum (CVF), ont appelé le Conseil des droits de l’homme à établir un mandat pour un nouveau rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et les changements climatiques. Les États membres du FVC et les États insulaires du Pacifique ont depuis fait écho à cette demande, appelant à ce que le mandat soit institué en 2021 afin de mieux protéger les droits de ceux qui sont en première ligne des impacts climatiques. Ces appels réitèrent les demandes formulées par les organisations de la société civile dès 2010.

À l’automne 2020, l’Asociación Interamericana para la Defensa del Ambiente (AIDA), le Center for International Environmental Law (CIEL), Franciscans International (FI), Natural Justice, Pacific Island Students Fighting Climate Change (PISFCC), l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA) et le Vanuatu Climate Action Network (V-CAN) ont mené des consultations régionales en ligne avec plus de 150 experts de la société civile et des peuples autochtones dans plus de 50 pays, avec le soutien du bureau de Genève de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES). L’objectif était de recueillir des avis sur l’idée que le Conseil des droits de l’homme établisse un mandat pour un nouveau rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et le changement climatique.

Le rapport « Un rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et le changement climatique ? Perspectives régionales » canalise ces perspectives afin d’éclairer les discussions sur la question. Il présente les principales recommandations de la société civile et des peuples autochtones sur la création de ce mandat, recueillies lors de consultations régionales à travers le monde, qui ont été coordonnées par le Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL) et Franciscans International (FI) en coopération avec le bureau de Genève de la FES.

Le rapport est disponible en anglais, français et espagnol.


Le présent document est la seconde déclaration publique individuelle de Franciscans International (FI), relative à la pandémie COVID-19. La première, publiée le 4 avril 2020, transmettait, à partir d’une perspective des droits de l’homme, les informations et préoccupations sérieuses que nos partenaires franciscains et autres, basés dans divers pays, nous ont fait parvenir. Elle a été suivie par une série de déclarations collectives auxquelles FI a contribué, et que FI a soutenues et promues. FI publiera des déclarations supplémentaires à mesure que la situation évolue et que les informations de notre reseau nous parviennent.


Genève/New York, 27 avril 2020


Presque un mois s’est écoulé depuis la première déclaration de FI relative à la COVID-19 et aux réponses à la pandémie, examinées depuis une perspective de droits de l’homme.

Les membres de la Famille Franciscaine, ainsi que d’autres partenaires du réseau de FI travaillant au niveau local de part le monde, continuent à être les témoins de, et à soutenir la lutte de la population contre le virus et, plus encore, leur lutte contre les terribles effets que de nombreux Etats font peser sur les populations et sur la planète en raison des actions et omissions comprises dans leur réponse à la pandémie.


FI reste dévoué à poursuivre son travail consistant à réunir les informations reçues par le biais des franciscains et de ses autres partenaires. À travers cette seconde déclaration, FI étudie également cette crise à travers le prisme de certaines préoccupations fondamentales qu’elle soulève, et appelle à agir en conséquence. Ces demandes sont principalement adressées aux organes et experts des Nations Unies, ainsi qu’au Conseil des Droits de l’Homme, lequel organisera sa prochaine reunion virtuelle le 30 avril 2020: une conversation informelle avec plusieurs experts indépendants chargés d’examiner des questions spécifiques en matière de droits de l’homme, relativement à certains pays ou questions thématiques. Ces experts, les Rapporteurs Spéciaux, ainsi que les membres des Groupes de Travail de l’ONU ont publié, à propos de la crise, des déclarations collectives et individuelles, analyses, et conseils utiles aux Etats. La réponse mondiale, cependant, ne concorde pas avec l’ampleur du problème.


À cet égard, le problème transversal que nous avions souligné dans notre première déclaration, et qui a également été fortement exprimé aux plus hauts niveaux de l’ONU, est l’immense défi pour la gouvernance mondiale et l’état de droit que cette crise représente. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Michelle Bachelet, s’est exprimée le 9 avril 2020 au cours d’une reunion virtuelle avec le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU sur ce « test colossal de leadership ». Nous ne pouvons nous empêcher de noter que cette crise se produit alors que nous célébrons le 75ème anniversaire de la Charte des Nations Unies – un élément essentiel du multilatéralisme, de la coopération internationale et du respect pour les droits de l’homme.


En ayant à l’esprit l’importance des ces 75 années de multilatéralisme depuis la Seconde Guerre Mondiale, il est encore plus clair que la pandémie COVID-19 nous place à un carrefour : soit nous apprenons de la crise et y répondons en apportant des changements systémiques aux problems structurels que la pandémie expose, soit nous revenons à la routine habituelle, au ‘business as usual’, dès que nous le pouvons et dissimulons ces problèmes jusqu’à la prochaine crise.

FI souligne deux problèmes principaux qui illustrent la nécessité d’une gouvernance mondiale, de coopération internationale et de solidarité, d’actions concertées et cohérentes, et de changements systémiques : les liens entre la COVID-19 et la pauvreté, la COVID-19 et la justice environnementale, ainsi que leur interconnexion.


La COVID-19 et la pauvreté


De différentes manières, la pandémie COVID-19 a agit en tant que loupe sur les problèmes structurels de droits de l’homme. Comme l’a déclaré la Haute-Commissaire des Nations Unies sur les Droits de l’Homme : « Aucun pays n’était préparé à un tel choc, qui, dans chaque État, a été aggravé par les inégalités, en particulier concernant l’accès aux services de santé, à la protection sociale et aux services
publics. »

Bien que nous ne voulons pas nier la gravité des conséquences directes de la COVID-19 sur la santé et la vie, nous souhaitons souligner la situation des victimes ‘indirectes’ du virus : celles qui ne vont peut-être pas mourir des suites du virus, mais plutôt en raison de l’impact des politiques étatiques qui sont au mieux incapable de les atteindre et, au pire, les prennent directement pour cibles et aboutissent à leur mort.


Un exemple est présenté dans une déclaration récente de deux Rapporteurs Spéciaux, qui dénoncent les politiques économiques et sociales irresponsables du Brésil dans sa réponse à la crise, mettant ainsi des « vies en danger ». La situation décrite par les partenaires de FI aux Philippines est également particulièrement révélatrice.


Le gouvernement des Philippines a décidé de fournir une aide d’urgence en espèce à 18 million de familles, par le biais du Département de la Protection Sociale et du Développement (DSWD en anglais), afin de les soutenir pendant la pandémie COVID-19. Toutefois, plusieurs allégations ont été avancées à propos du manque de transparence dans la distribution de ces fonds. FI a reçu des informations selon lesquelles la distribution est basée sur le dernier recensement, conduit en 2015, bien que la population ait augmentée depuis. En conséquence de nombreuses personnes, et en particulier les personnes pauvres et sans-abris, ne sont pas enregistrées et ne pourront donc pas recevoir d’aide financière. Un autre problème qui a été porté à l’attention de FI est l’allégation de distribution discriminatoire et arbitraire d’aide publique par certains chefs de communauté (Barangay Kapitan) qui ont exclu plusieurs familles de ces distributions.

La crise sanitaire actuelle frappe plus fortement les pauvres et révèle les profondes inégalités en matière d’accès à la nourriture, aux refuges, et aux services de santé et aggrave les problèmes de droits de l’homme existant aux Philippines, y compris ceux qui résultent de l’actuelle ‘guerre contre la drogue’. Bien qu’il puisse être considéré nécessaire de mettre en place un confinement pour ralentir la propagation du coronavirus, le gouvernement n’a pas pris les mesures suffisantes pour atténuer son impact sur les pauvres. Cela a particulièrement affecté les personnes vivant dans les quartiers pauvres, bidonvilles, ou qui sont sans-abris, qui ne peuvent travailler et gagner de l’argent pour acheter de la nourriture, et qui sont parfois exclues de la liste de bénéficiaires à l’assistance gouvernementale.

En conséquence, les plus pauvres font également partie des personnes les plus sévèrement touchées par la pandémie. Les organisations non-gouvernementales, institutions ecclésiastiques, groupes de la société civile, et initiatives privées sont intervenus pour aider les gens à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Toutefois, dans certains cas, les prêtres qui aident à nourrir les pauvres ont été accuse de faire partie d’« organisations gauchistes » et de « faire mauvais usage » de la distribution d’aide alimentaire dans le but de recruter des personnes pour faire campagne contre le gouvernement. Certains prêtres ont même été arrêtés sous ce prétexte.

Il y a environ 4.5 millions de sans-abris aux Philippines sur une population d’environ 106 millions ; à peu près 3 millions d’entre eux vivent à Manille d’après l’Office des Statistiques des Philippines. Leurs principales sources de revenus incluent la mendicité et la collecte et revente de morceaux de plastique et de métal. Bien que le gouvernement ait officiellement fourni des refuges temporaires pendant la pandémie, FI a reçu un rapport selon lequel un nombre important de sans-abris se déplace toujours dans la ville pendant le confinement, cherchant du travail ou de la nourriture pour survivre. À travers plusieurs témoignages, des personnes vivant dans la pauvreté ont déclaré être plus susceptibles de mourir de faim que de la COVID-19.


Une fois encore, l’exemple des Philippines n’en représente qu’un parmi de nombreux autres. Des situations similaires ont été signalées dans d’autres pays, tels que la République Démocratique du Congo, où notre partenaire est préoccupé par le fait que la faim puisse, dans les régions les plus pauvres, causer plus de décès que le virus. Au cours des dernières semaines, un certain nombre d’articles ont été publiés démontrant que les pauvres sont plus susceptibles d’être affectés négativement par le virus en raison de la prévalence de problèmes de santé chroniques parmi eux, qui leur fait courir un risque plus élevé de développer des formes graves de la maladie. Un statut socioéconomique précaire fait partie des trois facteurs de risque pour la COVID-19, de même qu’un âge avancé et des problèmes de santé préexistants. Cela a déjà été observé concrètement dans différents pays, dont l’Espagne et les Etats-Unis.10 Comme l’a énoncé la Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme dans son discours du 9 avril: « L’épidémie a souligné la nécessité d’accroître nos efforts pour veiller à ce que tout le monde, y compris les plus vulnérables, bénéficie du développement. »


Les effets disproportionnés de la pandémie ne sont pas seulement liés aux inégalités dans un même pays, ils soulèvent également le problème des inégalités flagrantes entre les pays, à la fois au niveau mondial et au sein d’une même région. Comme l’a écrit notre partenaire du Vanuatu : « Nous avons seulement deux respirateurs dans un pays de 307.145 personnes ». De même, les capacités des systèmes de santé publique en Afrique sont en général trop limitées pour absorber une pandémie. Toutefois, ces capacités varient radicalement d’un pays à l’autre. Ceci, associé avec d’autres facteurs extérieurs tels que la densité des zones urbaines et la situation des personnes déplacées, augmente les inégalités entre pays de la même région.


La Banque Mondiale estime qu’en conséquence de la crise de la COVID-19, « [L]e nombre de personnes vivant dans une pauvreté extrême se situera entre 40 et 60 millions. Dans le scénario le plus pessimiste, la pauvreté mondiale en 2020 sera proche des niveaux de 2017 – c’est à dire que les progrès mondiaux vers l’éliminations de la pauvreté extrême observeront un recul de trois ans. »


Tout comme la pauvreté est liée à d’autres problématiques de droits de l’homme, la justice environnementale l’est également. Tous deux sont fortement entremêlés, comme l’a récemment souligné le Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et de l’environnement, « [L]a détérioration accélérée de l’environnement [va] avoir des effets négatifs sur un large éventail de droits, y compris le droit à la vie, à la santé, à l’eau, à la culture, et à la nourriture (…). Les personnes vivant dans des régions ayant expérimentées de plus haut niveaux de pollution atmosphérique sont confrontées à un risque accru de décès prématuré lié à la COVID-19. De la même façon, l’accès à l’eau potable est essentiel pour prévenir la contraction et la propagation du virus (…). La pandémie mondiale met en lumière l’importance vitale d’un environnement sûr, propre, sain, et durable. » Cela a été signalé par exemple aux Etats-Unis, où les maladies chroniques telles que l’asthme, qui rendent la COVID-19 plus meurtrière, sont davantage présentes chez les minorités ayant des faibles revenus.

Changement climatique, justice environnementale, et la COVID-19


Ainsi que l’a souligné FI dans sa première déclaration, un certain nombre de personnes haut placées à l’ONU ont attiré l’attention sur les liens entre la destruction de l’environnement et la COVID-19. La Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a déclaré, le 9 avril, que « [L]a protection de l’environnement, en préservant la biodiversité, constitue le meilleur moyen de protéger la santé et le bien-être humains, y compris contre les pandémies. La dégradation de l’environnement et la perte de la biodiversité créent les conditions propices aux zoonoses transmises de l’animal à l’homme, qui ont causé à maintes reprises de graves épidémies. »


Le Secrétaire Général de l’ONU en personne a fait plusieurs déclarations claires, y compris à l’occasion du Jour de la Terre, 18 énonçant six points d’actions pour un monde post-COVID-19 ‘plus vert’. Il a également incité les Etats à respecter leurs engagements d’ambitions accrues pour la réduction des émissions carbones et à renouveler leurs Contributions Déterminées au Niveau national. A cet égard, comme l’a écrit notre partenaire du Vanuatu au sujet de la double catastrophe de la COVID-19 et du cyclone tropical Harold : « C’est un avertissement pour nous rappeler que la crise climatique ne ralentit pas malgré la pandémie COVID-19. »


En parallèle de ces importantes demandes, FI et ses alliés de la société civile travaillant sur le changement climatique et les droits de l’homme, et plus généralement pour une justice environnementale, sont extrêmement préoccupés par les actions et omissions étatiques nuisibles. Ces préoccupations sont partagées, entre autres, par le Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et de l’environnement, lequel a déploré qu’au lieu d’intensifier leurs actions environnementales et climatiques, « [U]n certain nombre de gouvernements a annoncé qu’ils abaissent leurs standards environnementaux, suspendent les exigences de contrôle environnemental, réduisent l’exécution des mesures environnementales, et restreignent la participation publique. » Cela a été particulièrement le cas aux Etats-Unis.

À cet égard, FI a été à nouveau informé par des partenaires de son réseau que l’extraction manière continue en tant qu’activité ‘essentielle’ dans de nombreux pays et que les activités d’extraction illégale ont augmentées en raison des capacités réduites de surveillance et de contrôle des autorités et populations concernées. Au Venezuela, le gouvernement promeut l’extraction minière dans des régions de l’Amazone qui sont à la fois vitales et fragiles sur le plan environnemental. En Afrique du Sud, le gouvernement a amendé la loi sur la Gestion des Catastrophes afin de permettre aux entreprises minières d’accroître de 50% leur capacité de production pendant le confinement national.


De façon similaire, des collègues du Brésil ont rapporté que, bien que les prix des matières premières pour les minéraux ont baissés, les entreprises minières souhaitent conserver des niveaux de productions égaux, faisant courir un risque à leurs travailleurs et aux communautés voisines. Cela est particulièrement le cas dans les zones où les mines sont isolées, avec peu d’infrastructures et de services, loin de la surveillance des autorités environnementales. Pour couronner le tout, les entreprises minières au Brésil se vendent en tant qu’activités sûres et essentielles en faisant œuvre de charité dans les hôpitaux et en présentant cela comme leur contribution à la réponse à la crise de la COVID-19.


Le contexte et les conséquences de l’extraction minière au cours de cette pandémie illustrent l’incohérence, le cercle vicieux, et les problèmes structurels qui, s’ils ne sont pas résolus, vont nous entrainer vers la prochaine crise.

Ceci est également vrai en ce qui concerne le changement climatique maintenant que les conferences internationales majeures sur le climat et l’environnement ont été reportées. En raison des mesures de confinements mises en place en réponse à la pandémie COVID-19, les activités économiques mondiales ont ralenti d’une façon sans précédent. Des images satellites montrent l’amélioration inhabituelle de la qualité de l’air dans de nombreuses grande villes et zones industrielles de par le monde. Au cours de la dernière décennie, la Convention-Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) s’est efforcée à convaincre ses Etats Membres de réduire leurs émissions de façon drastique, sachant que sans changement la température de la Terre augmentera d’une telle façon qu’il sera impossible de s’en remettre. Nous ne devons pas oublier que l’Organisation Météorologique Mondiale, dans son dernier rapport ‘Etat du Climat Mondial 2015 – 2019’, a noté une augmentation continue des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et une accélération de l’augmentation de la concentration de CO2 atmosphérique, avec un taux de croissance 20% supérieur qu’au cours des cinq années d’évaluation précédentes.

Bien que nous puissions espérer que l’amélioration de la qualité de l’air pendant la période de confinement dû à la COVID-19 puisse encourager la poursuite des actions qui nous sortiront de notre crise climatique, dans l’ensemble il est peu probable que cela ait un impact significatif. La pollution atmosphérique pourrait même augmenter à des taux plus élevés que prévu puisque les secteurs économiques cherchent à se remettre rapidement sur pied.


Pendant la crise économique de 2007 – 2008, la pollution atmosphérique a baissé de 1.4% dans le monde, mais a augmenté de 5.9% en 2010, tandis que l’économie se remettait. Au cours du confinement causé par la COVID-19 en Chine, il était estimé que les émissions de carbone ont chute d’approximativement 25%. Cependant, de nouvelles données montrent que la pollution atmosphérique est revenue aux niveaux pré-confinement, soulevant la possibilité que certaines industries ont augmenté leur production pour rattraper le temps perdu.

Plusieurs Etats ont récemment utilisé la COVID-19 comme excuse pour éviter de mettre pleinement en œuvre leurs politiques environnementales, lesquelles sont pourtant escomptées en tant que faisant partie de leurs efforts pour réduire les émissions. Par exemple la Pologne, l’un des principaux producteurs de charbon en Europe, a demandé à l’Union Européenne (UE) d’abandonner son Système d’Echange de Quotas d’Emission, ou d’en exempter le pays, afin qu’il puisse utiliser ces fonds pour combattre les effets de la crise sanitaire. Le système d’échange de quotas d’émission de l’UE fait partie des efforts européens pour combattre le réchauffement climatique. La République Tchèque a également demandé à l’UE d’abandonner son Pacte Vert afin de se concentrer davantage sur sa réponse à la COVID-19. Actuellement, l’UE débat de l’adoption du Pacte Vert, lequel demande à ses membres d’atteindre une émission de gaz à effet de serre nette zéro d’ici 2050.


Tenant compte de la divergence de situation entre les personnes haut placées de l’ONU et les diverses réalités nationales, FI présente les conclusions et appels à l’action suivants.


Recommandations / Appels à l’action


Au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et à ses Procédures Spéciales

Nous reconnaissons et saluons toutes les contributions faites par les spéciales procedures jusqu’à présent, mettant en garde les Etats Membres et la communauté internationale au sujet des menaces pour, et des violations des droits de l’homme dans le cadre de leurs
mandats respectifs, et proposant des conseils et recommandations.

Nous reconnaissons et saluons également la déclaration faite le 26 mars 2020 par 60 titulaires de mandat des procédures spéciales de l’ONU qui ont unis leurs forces en affirmant le droit, sans aucune exception, aux interventions de premiers secours.

Toutefois, nous estimons que la situation requiert une réponse fournie par l’ensemble du système, et nous encourageons davantage d’actions coordonnées et une augmentation du travail commun des Procédures Spéciales. Leurs conclusions, conseils et recommandations
devraient être systématiquement rassemblés et diffusés au sein du système des Nations Unies ainsi qu’auprès des Etats, en particulier par le biais des équipes pays des Nations Unies, afin de les rendre opérationnels.

Les conseils des Procédures Spéciales devraient être pris en compte par les Etats à l’étude lorsqu’ils élaborent leurs rapports pour l’Examen Périodique Universel (EPU), y compris les rapports de mi-parcours. Ces conseils devraient également être pris en compte par les Etats chargés de l’examen, les acteurs de l’ONU, et autres parties prenantes au cours du processus du EPU à venir, lorsqu’ils évaluent la conformité des mesures nationales sur la COVID-19 avec les droits de l’homme.


De plus, certains acteurs ont demandé au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU de tenir une session spéciale. Si une telle session est tenue dans les mois à venir, ou toute autre session du Conseil, les circonstances exceptionnelles auxquelles nous faisons face ne devraient pas supposer de facto une participation diminuée de la société civile, y compris à travers leurs contributions et déclarations.

Quelle que soit la situation, toute action et mesure à venir du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, y compris, comme suggéré par son Président à propos des compte-rendu oraux de la Haute-Commissaire des Nationaux Unies aux Droits de l’Homme pour les deux prochaines sessions et du futur rapport sur la COVID-19 et les droits de l’homme qui sera présenté à sa 46ème session, devra exprimer clairement que les droits de l’homme ne peuvent être ni un ajout ni un simple élément rhétorique, comme cela avait été le cas au cours de la crise financière de 2007 – 2008.

Par conséquent, le Conseil des Droits de l’Homme doit renforcer le mandat du Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDC) et lui donner les moyens nécessaires pour qu’il joue un rôle fondamental au sein de chaque mécanisme interinstitutionnel mis en place (voir ci-dessous).


Au autres organismes de défense des droits de l’homme des Nations Unies


Nous incitons également le reste du système de protection des droits de l’homme de l’ONU à réagir et à donner à cette crise l’attention qu’elle mérite, en traitant à la fois de ses effets directs et des problèmes structurels qu’elle a mis en lumière et exacerbés dans l’ensemble des pays du monde.


À cet égard, les réunions des Organes de Traité des Nations Unies doivent être assurées, même de façon virtuelle, aussi longtemps que nécessaire pour garantir la participation aux examens périodiques. Les Nations Unies doivent être flexibles concernant les dates butoirs et les formats, et accepter les informations additionnelles, en particulier celles provenant de la société civile, à propos des effets de la pandémie sur les droits protégés en vertu de leurs traités respectifs.


À l’ensemble du système des Nations Unies


Nous reconnaissons et saluons les diverses déclarations délivrées par le Secrétaire Général de l’ONU, telles que son document de politique générale sur la COVID-19 et les Droits de l’Homme, sa déclaration à l’occasion du Jour de la Terre, ainsi que la création d’un Fonds d’Intervention et de Rétablissement pour la COVID-19.


De même qu’au cours des crises précédentes, la création d’entités opérationnelles et / ou de financement, qui devraient garantir un travail interinstitutionnel et des réponses coordonnées, est importante. Toutefois, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et ses Membres devront s’assurer que cette coordination et capacité d’action des diverses agences ne place pas les droits de l’homme sur la touche, mais qu’au contraire elle les intègre pleinement, démontrant ainsi que le HCDC peut effectivement remplir son rôle.


Nous incitons également les Etats Membres, ainsi que les Nations Unies elles-mêmes, à tirer des enseignements de cette crise et les prendre en considération tandis qu’ils œuvrent au futur des Nations Unies, y compris concernant l’architecture institutionnelle nécessaire pour faire face à de telles crises, pour les prévenir de façon adéquate, et pour mieux les résoudre. Cela devrait avoir un impact sur les réformes de l’ONU à venir, dirigées vers une meilleure articulation et coordination entre les droits de l’homme, le développement, et la paix, où les droits de l’homme joueraient un rôle fondamental, conformément à l’Appel à l’Action pour les Droits de l’Homme du Secrétaire Général de l’ONU.

La revendication première de FI reste en faveur de l’augmentation de la cohérence des politiques, en conformité avec les droits de l’homme. Alors que nous sommes témoins de l’appel croissant, en particulier par les personnes haut placés de l’ONU telles que le Secrétaire Général des Nations Unies et la Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, selon lequel l’Agenda 2030, ses Objectifs de Développement Durable (ODD), et son principe fondamental de « ne laisser personne de côté » sont actuellement nos meilleurs outils, FI souligne que le lien effectif avec les normes de droits de l’homme concernées doit encore être réalisé. Si les Etats continuent à ignorer les normes de droits de l’homme et les principes tels que la responsabilité et l’état de droit, il n’y aura pas de responsabilité pour le progrès, ou plutôt l’absence de progrès, vers l’ODD 1 d’élimination de la pauvreté ou l’ODD 6 d’accès à l’eau potable pour tous. Si les Etats continuent à déléguer au secteur privé les mesures pour la réalisation des ODD, tout en échouant à tenir les entreprises pour responsables de leur comportement en matières de droits de l’homme ou des obstructions aux operations de l’ONU cherchant à éliminer de telles impunités, les services publics continueront à être démantelés, inaccessibles à tous, et incapables de répondre aux chocs futurs. Si l’ODD 8 et son aspiration à une augmentation de la « croissance économique » ne sont qu’un autre
prétexte pour agir comme si de rien n’était, poursuivre le ‘business as usual’ et continuer avec le même modèle de développement économique qui est encore fortement dépendant d’industries non-durables et de l’extractions de ressources naturelles, alors l’Agenda 2030 ne sera d’aucune aide.

Enfin et surtout, alors que la COVID-19 engendre une crise grave dans un monde qui fait déjà face à la menace du changement climatique, elle montre également que les Etats peuvent agir quand ils y sont contraints. En 2020, les Etats parties à l’Accord de Paris sur le Changement Climatique devraient soumettre leurs Contributions Déterminées au Niveau national (en anglais, NDCs) actualisées et révisées. Toutefois, à compter d’avril 2020, seuls 10 Etats l’ont fait. Tout en reconnaissant les effets graves qu’entraîne la COVID-19 à tous les niveaux, cela ne devrait pas être utilisé en tant qu’excuse par les Etats pour échapper à leur obligation juridique d’accroitre leur ambition de maintien de la température mondiale moyenne bien en dessous des 2°C d’augmentation par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle. Cela ne devrait pas non plus constituer une excuse pour abandonner les efforts de limitation de l’augmentation de la température à 1.5°C au dessus des niveaux préindustriels, ou d’éviter les effets irréversibles causés par leur échec. Les mesures d’action climatiques, au sein des NDCs renouvelés et actualisés, devraient inclure de mesures de protection sociales et environnementales basées sur les droits de l’homme; assurer un accès à l’information et à la participation publique ; et garantir un mécanisme de plainte indépendant, équitable, accessible, légitime, fondé sur les droits de l’homme, et transparent.

Actuellement, tout le personnel de Franciscans International est confiné et en bonne santé en Suisse, aux Etats-Unis et en France. Nous prenons progressivement conscience de la situation privilégiée dans laquelle nous nous trouvons et ce, malgré la frustration et l’inconfort que peut provoquer cette situation de confinement.

Lors des premières semaines de cette crise sanitaire exceptionnelle, nous avons observé attentivement non seulement le développement de la situation mais également la réaction des Nations-Unies, des Etats ainsi que des experts en droits de l’homme sur la question. Nous continuons d’ailleurs à le faire. Cependant, il apparait aujourd’hui clairement que l’épidémie a évolué en pandémie avec une augmentation quotidienne du nombre de décès. Les mesures exceptionnelles prises par les Etats pour faire face au virus allant apriori durer plusieurs mois, notre réseau de Frères et Sœurs Franciscains, collègues et amis travaillant dans différentes parties du monde nous ont rapporté des situations terribles qu’ils vivent ou dont ils ont été les témoins.

Cette déclaration a pour but de mettre en évidence ces histoires et témoignages à la lumière du droit international des droits de l’homme. Il ressort ainsi que les problématiques soulevées par la pandémie sont nombreuses et ont des impacts à divers niveaux.

De la défaillance des Etats à prendre les mesures nécessaires pour prévenir de telles situations…

Les derniers mois ont montré que certains Etats n’ont pas réussi à prendre les mesures nécessaires pour protéger à temps la santé des populations, violant ainsi leurs obligations de droit international de protéger le droit à la santé. Selon l’ONU, cette protection doit inclure la prévention, le traitement et le contrôle des maladies et requière, entre autres, « la création d’un système de soin médical d’urgence dans les cas (…) d’épidémies et autre phénomènes similaires, et la fourniture de secours en cas de catastrophe ainsi que d’une assistance humanitaire dans les situations d’urgence ». De plus, selon le droit international des droits de l’homme, le droit à la vie impose également le devoir pour les Etats de protéger la vie en prenant des mesures adéquates pour assurer un accès à temps aux biens et services essentiels tels que la nourriture, l’eau et la fourniture de services ou abris de santé d’urgence.

Les défaillances individuelles et collectives des Etats pour prévenir la crise sanitaire que le monde traverse actuellement n’est pas arrivée sans avertissement. En septembre 2019, quelques mois avant les premiers cas de COVID-19, mais après les épidémies de SARS, d’Ebola et de Zika, pour ne nommer que ces derniers, un corps indépendant d’experts désigné par l’Organisation Mondiale de la Santé et la Banque Mondiale a exhorté dans ses conclusions à se préparer au pire : une pandémie de pathogènes respiratoires mortels à propagation rapide. Ce groupe d’experts a critiqué l’insuffisance flagrante des efforts de préparation déployés à l’échelle mondiale et a particulièrement visé les impacts disproportionnés que cette mauvaise gouvernance aurait sur les plus pauvres, tout en insistant sur la vulnérabilité de toutes les économies à survivre à de tels chocs.

De plus, d’autres scientifiques ont démontré le lien entre l’augmentation des risques et les cas réels de propagation de nouveaux virus transmis par les animaux aux humains, et la dégradation rapide de l’environnement, la déforestation, la perte d’habitats et le commerce illégal.

Mais nous y voilà. A l’instar de ce que disent nos collègues du Salvador à propos des catastrophes naturelles : la véritable catastrophe n’est pas tant un événement comme la pandémie de COVID-19, mais le manque de préparation et les réponses inappropriées qui sont apportées. Dans une situation comme celle-ci, la discrimination et les inégalités déjà existantes, ainsi que les vulnérabilités latentes, sont considérablement aggravées et s’expriment de manière radicale.

… au travers des impacts directs et indirects de la pandémie sur les droits de l’homme et les réponses apportées par les Etats…

En cas de pandémie, la santé de la quasi-totalité de la population mondiale se trouve menacée. En vertu du droit international des droits de l’homme, les États sont tenus de créer des conditions qui assureraient l’accès aux soins et aux services médicaux à tous en cas de maladie. Pourtant, ce que la COVID-19 a montré, c’est à quel point le manque criant d’investissement dans les systèmes de santé publics est dangereux et relève d’une forme d’irresponsabilité, en particulier dans ces situations de crise. Dans la même optique, l’absence d’une large couverture de santé et d’accès aux services et aux biens de santé ont des conséquences désastreuses. Les compressions budgétaire conduisant au et démantèlement des hôpitaux publics et des soins de santé dans l’État de New York ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Dans l’ensemble, le manque structurel de capacité des systèmes de santé publique dans de nombreux pays implique que la charge supplémentaire générée par la COVID-19 privera les patients souffrant d’autres infections des soins dont ils ont besoin.

L’impact de la pandémie sur les autres droits de l’homme comme la liberté de déplacement, la liberté de réunion, le droit au travail et les droits des travailleurs, est évident dans toutes les régions du monde. Beaucoup de restrictions liées à la COVID-19 sur les libertés et les droits rendent le travail des journalistes, et des défenseurs des droits de l’homme en particulier, dangereux partout dans le monde. La situation des personnes exposées aux violences conjugales, en particulier les femmes et les filles, est un autre problème particulièrement préoccupant dans ces temps de confinement massif des populations. Tout cela couplé avec l’arrêt de nombreuses administrations et diverses autorités. Parfois, cela se passe avec la complicité d’autorités étatiques, à l’instar de l’Ouganda où le président Museveni a expliqué à deux reprises, lors d’une conférence de presse, que les autorités de police ne doivent pas répondre aux plaintes relatives aux cas de violences conjugales d’un mari sur son épouse et que les actions de la police seraient circonscrites aux cas « d’urgence » se limitant aux menaces sur la santé et l’intégrité des enfants et nouveaux nés. De plus, dans des Etats comme la Chine, Taiwan, Israël et les Etats-Unis, le droit à la vie privé se voit menacé à travers l’utilisation des données des téléphones portables pour vérifier que les restrictions de déplacements et règles de distanciation sociales soient bien respectées ou pour divulguer la localisation des personnes infectées et avertir les personnes se trouvant à proximité. A ce sujet, nous rappelons que les Etats ont explicitement reconnu en 2016 le devoir de protéger les droits digitaux des personnes connectées ou non.

Nous allons continuer à évaluer les réponses des Etats et la mesure dans laquelle les Etats sont capables, et ont la volonté, de protéger les droits de l’homme d’autant que la situation le permette mais surtout dans quelle mesure les restrictions de droits sont proportionnées et justifiées. Aux Philippines, par exemple, nos partenaires franciscains ont partagé avec nous la déclaration du président Duterte, qui a déclaré que les personnes qui enfreignent la quarantaine pouvaient être abattues par la police ou l’armée. Le président Duterte étant déjà tristement célèbre pour les nombreuses exécutions extrajudiciaires perpétrés au cours de sa soi-disant « guerre contre la drogue ». Alors que le droit international autorise la limitation des droits dans des situations extraordinaires telles que les urgences de santé publique, ces limitations doivent respecter certaines normes. Entre autres, ces mesures devraient être prévues et mises en œuvre conformément à la loi, ne devraient pas être imposées de manière arbitraire, ni être discriminatoires.

À cet égard, de nombreuses histoires et témoignages à travers le monde montrent comment, alors que le virus peut infecter n’importe qui, l’impact de la pandémie et ses réponses n’affectent pas tout le monde de la même manière. Certaines mesures prises en réponse à la pandémie peuvent affecter de manière disproportionnée les personnes et les communautés qui sont déjà discriminées, désavantagées et marginalisées ; des personnes qui ne bénéficient pas des mêmes capacités et moyens pour faire face aux difficultés et aux restrictions que la situation entraîne.

Cela se vérifie particulièrement pour des millions de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants dans les camps et les centres de détention qui n’ont pas régulièrement accès à l’eau potable et à la nourriture. Nous avons également vu des images de sans-abri en Californie aux États-Unis, orientés vers un parking après la fermeture de leur abri. Même dans les circonstances extrêmement difficiles  auxquelles nous sommes confrontés, des mesures conformes aux droits de l’homme peuvent être prises, y compris celles qui visent à rectifier les violations des droits de l’homme commises dans le passé. Par exemple, la France a réquisitionné des chambres d’hôtel pour garantir que les sans-abris qui ne sont pas malades puissent être en sécurité et respecter les mesures de confinement. À Détroit, aux États-Unis, l’ONU a fortement critiqué la privation des plus défavorisés au service d’eau suite aux impayés de leurs factures et a considéré cette restriction comme une violation du droit à l’eau. En conséquence de quoi, le gouvernement a réinstallé l’eau dans les foyers touchés afin que des mesures de base comme le lavage des mains puissent être suivies. Le manque d’accès à l’eau potable dans le monde constitue un grand défi dans la lutte contre le virus et souligne la nécessité pour les Etats de protéger et réaliser le droit à l’eau.

Pour les millions de travailleurs indépendants et du secteur informel qui n’ont pas accès à la protection sociale, les restrictions imposées à travers le monde sont synonymes d’aucun revenu. Les partenaires franciscains des Philippines nous ont fait part de leur désespoir de ne pas savoir comment satisfaire les besoins de toutes les familles pauvres qui se tournent vers eux pour trouver de la nourriture. Les mêmes franciscains demandent comment, dans cette situation, ils peuvent garantir des conditions sanitaires sûres pour les familles et pour eux-mêmes.

En Inde, l’un de nos partenaires franciscains nous a expliqué comment le temps insuffisant entre l’annonce et le confinement réel – seulement 4 heures – a créé les conditions d’une tragédie, avec des millions de travailleurs dans les villes essayant d’atteindre leurs villages d’origine en utilisant les transports publics. Certains de ces travailleurs migrants sont décédés sur leur chemin. Notre partenaire nous a également fait savoir que probablement beaucoup plus de personnes mourront de la faim et d’autres causes liées au manque d’aide de la part du gouvernement, que de la COVID19. Dans la même veine, Baskut Tuncak, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et l’utilisation de substances toxiques, a dénoncé la pratique anti-infectieuse, signalée en Inde, consistant à arroser les travailleurs migrants d’eau de Javel de façon dégradante et inhumaine.

Dans l’ensemble, les experts de l’ONU mettent en garde contre une recrudescence du racisme et de la xénophobie, notamment contre les migrants et les demandeurs d’asile confrontés à une série de difficultés et de problèmes supplémentaires dus à la pandémie. Comme nous l’avons su de notre réseau franciscain et d’autres collègues entre les États-Unis et l’Amérique centrale, les migrants et les demandeurs d’asile se retrouvent souvent sans information, ni nourriture et sans accès aux tests et aux soins de santé de base. Ils n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins car les abris ne peuvent pas les accueillir et la plupart des autorités administratives sont paralysées. Ils continuent d’être expulsés en masse des États-Unis ou sont bloqués au Mexique et au Guatemala. Des milliers de personnes ont été arrêtées dans leur voyage et avec des capacités restreintes à faire face à de longs transits imprévus, se retrouvent à vivre dans la rue. Des familles entières qui dépendent de l’argent que les migrants renvoient au pays se retrouvent sans ce soutien vital. Dans le même temps, certains États ont montré que des mesures positives pouvaient être prises pour soutenir les droits de l’homme et la santé publique. Le Portugal a temporairement accordé le même statut que les résidents à tous les étrangers, y compris les migrants et les demandeurs d’asile dont la demande est en attente, jusqu’en juillet 2020 au moins, ce qui leur donne accès au service national de santé et aux prestations sociales, leur permettant également d’ouvrir des comptes bancaires et de signer des contrats de travail et de location.

… par le fait que certains profitent toujours des catastrophes, mais pas ceux auxquels nous pourrions penser avec optimisme …

Alors que les pauvres et les autres groupes marginalisés paient le prix le plus élevé, tout le monde ne se ressort pas perdant cette situation. Nous pouvons ici penser aux conséquences intrinsèquement positives de toutes ces fermetures au bénéfice de la nature du climat. Cependant, ce qui est devenu clair, c’est la façon dont certaines entreprises continuent de fonctionner sans être perturbées ou profitent même de la crise. Ainsi au Brésil, le président Bolsonaro a déclaré que l’exploitation minière est une activité essentielle qui devrait se poursuivre pendant le confinement et que toute protestation des communautés affectées par l’exploitation minière serait rendue impossible.

Il existe également un nombre croissant de rapports selon lesquels non seulement les sociétés pharmaceutiques, mais aussi certains supermarchés et discounters en Europe voient leurs évaluations et leurs bénéfices augmenter en raison de la forte augmentation du nombre de consommateurs achetant des réserves alimentaires, tout en imposant des prix plus bas à leurs fournisseurs et à petits producteurs.

Maintenant que des millions de personnes travaillent à domicile, accroissant leur dépendance aux médias sociaux et aux communications en ligne pour le travail, la question de notre droit à la vie privée, et à la sécurité et à l’utilisation de nos données, notamment par de puissants acteurs privés, est devenue une préoccupation sans précédent.

… à l’incertitude des effets à long terme de la « crise » de la COVID-19 et des conséquences que la communauté internationale peut ou non en tirer.

Alors que l’augmentation des activités en ligne nécessite également plus d’énergie, la pollution générée par l’utilisation des voitures, des avions et des transports publics a considérablement diminuée avec les fermetures des industries et commerces. Cependant, on ne sait pas encore comment les transports et les industries tenteront de « ramener » leurs affaires une fois la crise terminée, et si nous ne verrons pas de nouvelles augmentations massives des émissions de gaz à effet de serre dans un avenir proche en raison de plans de relance économique stimulant des secteurs clés. Ce qui est déjà clair, cependant, c’est que la prochaine conférence internationale sur le climat, la COP 26, qui devait avoir lieu à Glasgow au Royaume-Uni cette année, a été reportée à 2021. Notre climat et notre maison commune pourraient, en définitive, ne pas tant bénéficier de cette « pause » mondiale.

Comme certaines voix critiques ont commencé à le dire, nous ne devrions pas souhaiter un retour à la normalité, tant que la normalité équivaut à la destruction de l’environnement et aux inégalités flagrantes. Au lieu de cela, nous devons tirer les leçons des échecs passés, nous appuyer sur certaines bonnes pratiques mises au point par les États pendant la pandémie, faire pression pour un changement de notre modèle de développement, protéger les services sociaux et les droits des intérêts commerciaux et de la cupidité et, enfin et surtout, cultiver la fraternité et la solidarité au sein et entre les communautés, que nous constatons au milieu de cette crise de la gouvernance mondiale.

À cet égard, cette déclaration est également un hommage à la contribution des franciscaines et franciscains ainsi que d’autres partenaires luttant pour le maintien de la dignité humaine et de la vie en ces temps difficiles.