Les Franciscains au cœur de la protection des droits humains : Brenda Peralta, JPIC Guatemala

Plus de vingt ans après la fin du conflit armé interne, le Guatemala souffre encore de ces décennies de violence extrême et de discrimination à l’encontre des communautés autochtones. L’impunité rampante et la corruption généralisée dans les hautes sphères du pouvoir persistent. Le pouvoir judiciaire joue un rôle important dans le musellement de la dissidence en bloquant les enquêtes sur la corruption et les violations des droits humains, et en poursuivant arbitrairement les journalistes et les juges indépendants. Le pays est également devenu l’un des endroits les plus dangereux pour les défenseurs des droits humains, qui sont régulièrement surveillés, criminalisés, harcelés et, dans certains cas, tout simplement tués. En août 2023, le candidat anticorruption Bernardo Arevalo a remporté de manière inattendue les élections présidentielles, redonnant espoir à la population. Mais depuis lors, le bureau du procureur général a cherché à délégitimer les résultats, ce qui a déclenché des manifestations dans tout le Guatemala. 

Dans ce contexte, nous avons rencontré Brenda Peralta, coordinatrice de la Commission Justice, Paix et Intégrité (JPIC) de la Famille franciscaine du Guatemala, membre du comité de plaidoyer du Réseau franciscain pour les migrants (FNM) et coordinatrice de l’initiative Causas Raíz au Guatemala. Nous avons discuté de la situation dans son pays et de la manière dont elle envisage son travail pour plus de justice.


Quels sont les principaux problèmes en matière de droits humains au Guatemala ?

Ces dernières années, le « pacte des corrompus » – un groupe d’élites puissantes liées au crime organisé – a sapé l’État de droit, avec des attaques systématiques contre des fonctionnaires de justice indépendants ainsi que la criminalisation d’activistes, de dirigeants autochtones et de journalistes. Après avoir dénoncé la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), soutenue par les Nations unies, a été chassée du pays. Les communautés autochtones sont également souvent expulsées de leurs territoires, ce qui entraîne des déplacements internes et d’autres violations des droits humains. Le problème de ces terres est qu’elles ont été volées pendant le conflit armé interne, lorsque la population s’est exilée, et que les familles puissantes et les militaires ont transféré frauduleusement les titres de propriété à leur nom. Après les accords de paix de 1996, les gens sont retournés sur leurs territoires, mais aujourd’hui, ceux-ci sont récupérés par les propriétaires supposés avec l’aide du gouvernement et des groupes paramilitaires qui veulent les utiliser pour la production d’huile de palme, l’extraction minière et les projets hydroélectriques.

Qu’est-ce qui vous a incité à travailler sur ces questions et quel est le lien avec votre vocation franciscaine ?

J’ai rencontré les Franciscains pendant mon adolescence. Ils m’ont aidé à prendre conscience de ce qui se passait dans mon pays à l’époque, c’est-à-dire pendant les dernières années du conflit armé interne. Cependant, ce n’est que bien des années plus tard que j’ai connu la Commission JPIC. Leur engagement à prendre soin de notre maison commune et à la construction d’un monde meilleur pour tous est devenu un mode de vie pour moi. Nous cherchons à sensibiliser les communautés franciscaines religieuses et séculières aux problèmes sociaux et politiques et à la manière dont ils nous affectent. Nous essayons également de montrer l’importance de la solidarité et comment la participation politique et citoyenne contribue à créer des solutions.

Quels sont les principaux défis de votre travail ?

Je pense que l’un des principaux défis est la coordination de notre objectif commun, qui est de changer les structures injustes. Beaucoup a déjà été réalisé au niveau régional, avec l’Amérique centrale et le Mexique, mais il reste encore à faire. Nous travaillons sur de nombreux fronts simultanément pour pouvoir observer des changements. Cela peut être difficile, mais je le fais avec plaisir parce que c’est par conviction. Un autre défi consiste à encourager la défense des intérêts de la famille franciscaine. En effet, certains pourraient hésiter à s’impliquer dans certaines problématiques, parce qu’il y a toujours un risque de sécurité lorsqu’on travaille comme défenseur des droits humains.

De quelle réalisation êtes-vous la plus fière ?

La réponse positive et la confiance que de nombreux Franciscains ont reçues au cours de ces années nous font vraiment chaud au cœur. Nous avons établi des alliances avec des dirigeants, avec d’autres organisations religieuses, ainsi qu’avec la société civile. Un bon travail d’équipe était essentiel pour améliorer la façon dont nous faisons les choses et pour nous impliquer à différents niveaux, y compris au niveau international. Par exemple, la collaboration avec les Nations unies permet de rendre visibles des situations de violations des droits humains qu’il serait plus difficile de dénoncer localement pour des raisons de sécurité. Cela génère également de la confiance des personnes et des réseaux locaux avec lesquels nous travaillons déjà, et facilite les espaces de connexion pour créer de nouveaux réseaux.

Comment voyez-vous la différence entre le travail caritatif et le travail en faveur des droits humains ? Pensez-vous qu’ils se complètent ?

L’un des principes de la Commission JPIC est la charité, que nous comprenons à trois niveaux. Tout d’abord, l’assistance, comme nourrir ceux qui ont faim, ensuite, le promotionnel, qui consiste à sensibiliser l’opinion publique, et enfin, le structurel. Si certaines personnes se consacrent principalement sur le premier niveau – ce qui est très bien – je pense qu’il est essentiel d’aller plus loin et de travailler sur les causes profondes de l’injustice. En ce sens, l’action caritative et l’action en faveur des droits humains se complètent très bien.

Pour plus d’informations, consultez notre article principal sur les Franciscains au cœur de la protection des droits humains.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.