Soulever la question du manque de protection des personnes déplacées par le changement climatique au Conseil des droits de l’homme 

Les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir depuis quelques années, ce qui a déjà entraîné une forte augmentation du nombre de personnes déplacées. Les évènements météorologiques extrêmes tels que les inondations et les ouragans sont de plus en plus fréquents, tout comme les phénomènes à évolution lente, tels que la désertification et l’élévation du niveau de la mer. Ceux-ci ont déjà provoqué des pénuries d’eau, la disparition de surfaces agricoles et autres moyens de subsistance, ainsi que la destruction d’habitations, poussant les populations à se réinstaller à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières de leur pays.   

Lors de son récent dialogue interactif avec le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le rapporteur spécial sur le changement climatique, Ian Fry, a présenté son rapport sur les conséquences des déplacements climatiques sur les droits humains. Il s’agit de la première question couverte par le nouveau mandat depuis sa création en mai 2022, ce qui montre l’urgence de ce problème. Dans son rapport, M. Fry a souligné le manque de protection juridique pour les personnes déplacées par le changement climatique à travers les frontières internationales. Par exemple, elles ne sont pas incluses dans la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Bien qu’on les appelle souvent de manière informelle des « réfugiés climatiques », il n’existe en fait aucune définition de ce type en droit international, ce qui exacerbe le risque de violations des droits humains à l’encontre de ce groupe.  

Franciscans International et ses partenaires ont organisé deux événements parallèles sur les déplacements climatiques et un sur la régularisation des migrants, invitant des intervenants des Amériques et de l’Asie-Pacifique à partager leurs expériences et leurs récits avec des experts des droits humains et des diplomates de l’ONU. Ils ont attiré l’attention sur l’impact disproportionné des événements liés au changement climatique sur les groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants et les peuples autochtones. Les recherches indiquent notamment que les déplacements induits par le climat ne sont pas un phénomène neutre en termes de genre, les femmes étant 14 fois plus susceptibles d’être tuées que les hommes en cas de déplacement. Elles sont également plus vulnérables aux violences sexuelles, à la traite des êtres humains et au manque d’accès à la santé reproductive.   

Frère René Flores OFM, membre du réseau des Franciscains pour les migrants au Panama, a expliqué les nombreuses façons dont les personnes sont touchées par les événements liés au changement climatique, en particulier dans le couloir sec* d’Amérique centrale. Alors que des années de sécheresse ont entraîné pénuries d’eau et insécurité alimentaire, les ouragans sont également devenus plus violents. En 2020, les ouragans Eta et Iota ont provoqué des inondations et destructions dans toute l’Amérique centrale, touchant des millions de personnes. Ces événements, combinés à l’extrême pauvreté et à la violence, ont entraîné d’importantes migrations transfrontalières.  

Si la perte de ressources liée à la mobilité humaine est importante, les pertes non économiques peuvent également être dévastatrices. Mme Lemaima Vaai, une jeune femme autochtone de l’Église méthodiste de Samoa, a soulevé la question de la douleur émotionnelle et spirituelle liée à la relocalisation. Les communautés du Pacifique sont profondément attachées à leur terre, ce qui entraîne souvent un « sentiment de perte et de déconnexion » lorsqu’elles doivent migrer, ainsi que le risque de perte du savoir ancestral.  

Le révérend James Bhagwan, secrétaire général de la Conférence des églises du Pacifique, a également averti que « les dirigeants du Pacifique ont déjà identifié le changement climatique comme la menace la plus importante pour la sécurité régionale ». En effet, il peut devenir un moteur de conflit pour les terres et les ressources, en particulier avec l’élévation du niveau de la mer qui menace l’existence même de certaines nations. Comme il n’y aurait pas d’endroit où retourner pour ces populations, cela entraînerait des déplacements permanents ainsi que des questions profondes sur la souveraineté étatique.   

C’est le cas de la République de Kiribati, un groupe de 33 îles du Pacifique comptant environ 100 000 habitants, et l’un des petits États insulaires en développement les plus exposés au risque d’engloutissement. FI a soulevé ce cas lors de l’examen périodique universel du pays en 2014, et 2020 pour pousser la communauté internationale à reconnaître et à traiter ce problème.   

Les conséquences du changement climatique devenant de plus en plus graves, il est nécessaire de combler les lacunes actuelles en matière de protection et de disposer d’instruments juridiques et de politiques qui reflètent la situation actuelle. Pour y parvenir, il est essentiel que les décideurs de l’ONU entendent les personnes les plus directement touchées afin de comprendre la réalité sur le terrain.   

FI se joint à l’appel du rapporteur spécial pour une action urgente, en particulier si l’on considère que les conséquences des déplacements induits par le climat ne feront qu’empirer chaque jour où nous n’agirons pas. Avec nos partenaires et nos frères et sœurs franciscains sur le terrain, nous continuerons à plaider pour une approche des déplacements climatiques fondée sur les droits humains, qui garantisse le respect de la dignité de chaque personne.   

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Pour plus d’informations sur le travail franciscain en matière de mobilité humaine, consultez notre publication : « Tearing Down the Walls » et nos interventions aux Nations Unies. 

*« Le ‘couloir sec’ comprend des parties du Costa Rica, du Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua. Il se caractérise par de longues périodes de sécheresse alternant avec des périodes de fortes précipitations qui affectent gravement les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire de ses 10 millions d’habitants ». 

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.