Le Sri Lanka est marqué par des tensions et des affrontements ethniques de longue date. Bien que la guerre civile ait pris fin en 2009, le manque de cohésion sociale et l’échec du processus de réconciliation continuent d’alimenter la violence. Pendant les célébrations de Pâques en avril 2019, une série d’attentats-suicides dans trois églises et trois hôtels a tué plus de 250 personnes1, ce qui a ravivé les tensions. La situation des droits humains s’est encore détériorée en raison d’une crise économique qui a déclenché les manifestations de masse (Aragalaya2), qui ont conduit à l’éviction du président Gothabaya Rajapaksa en 2022.
Dans ce contexte, le père Patrick Perera s’efforce d’obtenir justice, ainsi que la responsabilisation à la suite des violations des droits humains qui ont ébranlé son pays. Nous avons discuté avec lui de l’absence de justice transitionnelle, de l’impact qu’ont eu sur lui les attentats de Pâques, ainsi que de l’appel qu’il lance à la population pour qu’elle s’unisse.
Pouvez-vous vous présenter et expliquer quels sont les principaux problèmes de droits humains dans votre pays ?
Je m’appelle Patrick Sujeewa Perera et je suis un prêtre travaillant pour le service de Justice, Paix et Intégrité de la Création (JPIC) au Sri Lanka. Ces dernières années, mon pays a été confronté à une grave crise des droits humains, c’est pourquoi je me suis engagé dans des activités de défense des droits de la population. Le premier problème que je vois découle des trois décennies de guerre civile qu’a connues le Sri Lanka entre 1983 et 2009. Compte tenu de l’histoire brutale du pays, de fortes tensions subsistent entre les communautés cinghalaise et tamoule. Dans le même temps, la mauvaise gestion de l’économie par le gouvernement ainsi que la corruption ont entraîné une grave pénurie de carburant et d’autres produits de première nécessité, ce qui a provoqué les manifestations dites d’Aragalaya, auxquelles nous avons participé. Le troisième problème est la fréquence croissante des événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations dues au changement climatique, qui sont exacerbées par des projets non durables au nom du développement. Enfin, les militants des droits humains font l’objet de nombreuses violences.
Qu’est-ce qui vous a incité à commencer ce travail et quel est le lien avec votre vocation de frère franciscain ?
J’ai commencé comme volontaire, mais à l’époque je n’étais pas sûr de ce que je faisais. C’est lorsque j’ai été personnellement témoin des attaques de Pâques et que j’ai vu les restes des personnes à l’intérieur de l’église que j’ai ressenti un profond changement en moi. J’ai réalisé que si certaines personnes pouvaient commettre des actes aussi terribles contre l’humanité, il était de mon devoir de m’y opposer. Même si je ne m’attends pas à vivre dans un monde où il n’y a aucune injustice, en tant que franciscain, je ferai ce que je peux pour la combattre. Même aujourd’hui, lorsque je parle aux Nations unies, je me souviens de cet incident. Non seulement je prie pour les victimes, mais je fais entendre leur voix : Je pense que c’est la raison d’être de ma vocation.
Que défendez-vous et pourquoi ?
Nous plaidons en faveur d’une plus grande transparence et d’une plus grande prise de responsabilité du gouvernement, qui a la vie des gens ordinaires entre ses mains. C’est particulièrement important si nous voulons éliminer la corruption dans le système politique. En tant que religieux et militants pour les droits humains, il est de notre devoir de les maintenir sur la bonne voie. Ils doivent savoir que quelqu’un les observe. Je pense également qu’il est important de rappeler aux gens qu’ils ont le pouvoir de changer les choses. Le mouvement de l’Aragalaya a contribué à cela, car les gens ont compris qu’ils avaient le pouvoir de protester et de demander des comptes au gouvernement s’ils étaient unis.
Dans le cadre de votre travail, vous êtes-vous déjà senti en danger, en particulier lorsque les autorités s’en prennent aux défenseurs des droits humains ?
Dans le cadre de mon travail sur les attentats de Pâques, on m’a rappelé à plusieurs reprises de faire attention à mes activités, car nous exigeons du gouvernement qu’il rende des comptes et qu’il rende justice. J’ai également participé aux manifestations de l’Aragalaya, où j’ai dû faire face à des attaques au gaz lacrymogène ou à l’eau, mais ceci est assez courant. Même si jusqu’à présent, je n’ai pas reçu de menaces personnelles, je continue à prendre des précautions afin d’éviter d’être pris pour cible.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Ce dont je suis le plus fier n’est pas quelque chose d’individuel, mais quelque chose que nous avons réalisé en tant que groupe. Après les attentats du dimanche de Pâques, d’autres chefs religieux du diocèse de Colombo, comme le cardinal Malcolm Ranjith, ont demandé une enquête impartiale sur cette attaque, mais cela n’a pas été fait. Après cet échec, le cardinal a voulu porter la situation au niveau international, mais il ne disposait pas de véritables outils ou mécanismes. À cette époque, l’Église catholique sri-lankaise et lui-même se sentaient désespérés, tout comme les victimes. C’est grâce à l’aide de Franciscans International que notre travail de terrain a finalement été porté au niveau international. En tant que Franciscains, nous avons une bonne réputation et nous sommes respectés – c’est un excellent exemple de l’efficacité de l’unité d’un groupe.
Comment voyez-vous l’évolution du rôle des Franciscains au Sri Lanka ?
Nous avons toujours fait du travail caritatif, mais après les attentats de Pâques, nous avons commencé à mobiliser les gens, y compris d’autres groupes franciscains. Depuis lors, nous ne nous contentons plus d’agir seuls, mais nous collaborons avec l’ensemble de la famille franciscaine, comme les Missionnaires franciscains de Marie ou les Frères capucins. Des groupes de la société civile se sont également engagés avec nous, en particulier après l’Aragayala. En outre, nous sommes désormais présents au niveau international, de sorte que si certains groupes n’ont pas nécessairement accès aux Nations unies, nous pouvons les aider en portant leurs préoccupations à ce niveau. Enfin, la prochaine étape consiste à discuter de la manière dont nous continuerons à travailler ensemble en tant que famille et à élaborer des stratégies pour défendre les droits humains.
Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.