Chez certaines ethnies du nord du Bénin, les caractéristiques d’un enfant lors de sa naissance ainsi que dans les mois qui suivent sont déterminantes à sa survie. De sa position lors de l’accouchement à la manière dont il fait sa dentition, il peut être accusé d’être un enfant « sorcier ». Selon les croyances traditionnelles, il devient alors une malédiction pour sa famille ainsi que pour toute la communauté, et doit être éliminé.

Nous avons rencontré le Frère Auguste Agounpké, qui est engagé depuis plus de 20 ans dans la lutte contre l’infanticide rituel. Bien que de nombreuses avancées aient été réalisées depuis, dont la criminalisation de cette pratique par le Bénin en 2015, celle-ci n’a pas encore totalement disparu. En effet, si l’abandon est maintenant plus souvent choisi à la place de la mise à mort, les enfants accusés de sorcellerie souffrent toujours d’être stigmatisés et exclus. Nous avons pu discuter des actions de sensibilisation sur le terrain auquel Frère Auguste a pris part, ainsi que de son engagement dans le plaidoyer international.


Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre travail sur l’infanticide rituel au Bénin ?

Je m’appelle Auguste, je suis un frère Capucin et je travaille pour le compte de Franciscains-Bénin. La première fois que j’ai entendu parler des enfants dit sorciers, c’est lorsque l’on m’a envoyé en mission au nord du pays en 2003. Pour moi, c’était étrange, car c’est quelque chose qui n’existe pas au sud. Un jour, un catéchiste de la paroisse est venu alerter le curé qu’un enfant de huit mois allait être exécuté parce que sa première dent était apparue sur sa mâchoire supérieure. Nous avons tout de suite pris la voiture afin de nous rendre dans ledit village. Les parents étaient là mais n’avaient pas le droit à la parole : c’était au grand-père de décider du sort de l’enfant. Celui-ci a accepté que nous emportions son petit-fils avec nous, tout en confirmant qu’il le tuerait s’il le revoyait. Puis nous avons eu un deuxième cas, une fillette, qui elle aussi a commencé à faire ses dents sur la mâchoire supérieure. Sa mère, qui l’a tout de suite vu, est partie quelques temps chez ses parents afin que personne d’autre ne le remarque. Mais des années plus tard, elle a fini par l’avouer à son mari. Leur fille avait déjà 9 ans, mais le père a quand même voulu l’éliminer, donc nous avons dû aller la chercher. Nous avons sauvé une dizaine d’enfants de cette manière.

Quelles sont les différentes raisons pour lesquelles un enfant peut être qualifié de « sorcier » ?

En plus de la pousse des dents, qui doit impérativement commencer par la mâchoire inférieure, la position de l’enfant à l’accouchement est également très importante. En effet, le nouveau-né doit tomber sur le dos en regardant le ciel : s’il sort par les pieds, l’épaule ou le siège, il devra être sacrifié. Comme la plupart des femmes donnent naissance à la maison, c’est souvent une accoucheuse du village qui s’en occupe. Mais certaines d’entre elles profitent d’être les seules admises dans la pièce – et donc de pouvoir témoigner de la position de l’enfant à la naissance – afin de régler leurs comptes. Il arrive donc qu’elles mentent afin de nuire à la femme qui accouche, si elles ont eu un différend avec cette dernière par exemple. Enfin, le chiffre 8 est de mauvais augure dans la tradition de l’ethnie Bariba. Si une femme accouche prématurément à huit mois, cela n’est pas accepté. De la même manière, l’enfant ne doit pas non plus faire ses premières dents à huit mois.

Que se passe-t-il pour les femmes qui mettent ces enfants au monde ?

Tant qu’elles sont d’accord d’éliminer leur enfant, il n’y a pas de problème pour elles. Cependant, si elles décident de le garder malgré tout, elles seront elles aussi en danger. J’ai vécu cela directement lorsque j’étais dans le nord. La nièce de l’évêque chez qui je vivais a accouché d’un enfant dans une « mauvaise » position. Avec les sensibilisations que nous avions effectuées dans la région, elle voulait protéger son enfant, et son mari n’étant pas de la même culture, il n’avait aucune raison de vouloir sacrifier son bébé. Cependant, la famille de la mère accordait beaucoup d’importance aux croyances traditionnelles. Avec son mari, elle a dû fuir le village afin de protéger leur enfant. Si elle était restée, sa vie aussi aurait été menacée.

Quelles ont été les principales étapes dans votre lutte contre l’infanticide rituel ?

En 2007, nous avons été invités par Franciscans International afin de suivre une formation sur l’utilisation des mécanismes de protection des droits humains à l’ONU. J’étais avec une sœur franciscaine que je ne connaissais pas à l’époque, Sr. Madeleine Koty, qui avait déjà sauvé cinq enfants du meurtre rituel. Moi, j’en avais sauvé trois. Nous avons donc décidé qu’il était important de porter cette problématique auprès de la communauté internationale, et avons soumis un rapport à l’ONU quelques mois plus tard. Deux pays ont tout de suite réagi et ont formulé des recommandations afin de bannir cette pratique. En rentrant, nous avons continué notre travail de sensibilisation dans les communautés locales où sévit le phénomène, et en 2012, avec l’appui de FI, notre ONG Franciscains-Bénins a été créée. En combinant des actions de plaidoyer international avec de la sensibilisation au niveau local, je peux dire que, après des années de travail, les choses ont beaucoup changé, et qu’on ne tue plus ces enfants de manière aussi systématique. Cependant, la peur subsiste, et les enfants « mal nés » continuent d’être abandonnés. Parfois, nous réussissons à sensibiliser une famille de manière à ce qu’ils gardent leur enfant, mais cela reste exceptionnel.

Pouvez-vous nous donner un exemple d’action de sensibilisation que vous avez pu mener ?

Dans le nord du Bénin, nous avons organisé une formation d’une semaine avec cinq sages-femmes. Parmi elles, certaines ont conservé cette tradition de communiquer à la famille la position exacte de l’enfant à l’accouchement. Nous avons donc travaillé avec elles afin de les encourager à garder le secret entre la sage-femme et la mère. Ce projet a démarré l’année passée, et doit durer jusqu’en 2025. Nous allons également continuer nos actions de sensibilisation dans les écoles, auprès des enseignants, ainsi que dans diverses tranches de la population. Je pense que ces campagnes à différents niveaux sont essentielles pour réussir à changer les mentalités.

Quelles sont les prochaines étapes de votre travail pour la protection des enfants dits « sorciers » ?

Nous sommes actuellement en train de construire un centre temporaire afin de recueillir les enfants rejetés par leur famille et les garder en sécurité. L’idée est qu’ils puissent rester là le temps que l’on leur trouve une famille d’accueil, ce qui peut parfois prendre des mois. Nous essayons de choisir des familles sensibles à cette problématique et proches des enfants du point de vue culturel et religieux. Enfin, nous fournissons une participation mensuelle à leurs frais généraux. Ce projet est actuellement en cours et est prévu pour les trois prochaines années.

Plus d’information sur le travail de Franciscains-Bénin et Franciscans International sur la question de l’infanticide rituel.

Consultez notre article principal sur les Franciscains au cœur de la protection des droits humains.

Au cours des deux prochaines semaines, 140 dirigeants mondiaux et plus de 70 000 autres délégués, allant des chefs religieux aux lobbyistes d’entreprise, sont attendus à Dubaï, dans les Émirats arabes unis (EAU), pour la Conférence de l’ONU sur le climat. Ils y évalueront les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris de 2015. L’urgence est claire : la COP28 a été précédée de plusieurs rapports scientifiques dont les conclusions sont à la fois de plus en plus pressantes et, malheureusement, ignorées.

La fenêtre permettant de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius se referme rapidement et nécessiterait des interventions radicales. Dans l’état actuel des choses, même en tenant pleinement les promesses déjà faites par les gouvernements de réduire les émissions, les températures augmenteront encore de 2,5 degrés par rapport aux niveaux préindustriels.

Fait inquiétant, les conférences de l’ONU sur le climat sont elles-mêmes de plus en plus critiquées, car elles offrent aux pollueurs une plateforme pour procéder à un « écoblanchiment » de leurs activités. La COP27 a été marquée par une « explosion » de lobbyistes d’entreprise. Les inquiétudes concernant la « mainmise des entreprises » sur les conférences font écho à celles d’autres processus de l’ONU, tels que les négociations en cours sur un traité relatif aux sociétés transnationales. Lors de la COP27 également, les autorités égyptiennes ont imposé de sévères restrictions à la société civile, menaçant de priver les délibérations de nombreuses voix critiques émanant des communautés concernées.

La COP28 est confrontée à des questions similaires concernant sa légitimité après que les Émirats arabes unis ont choisi le PDG de leur compagnie pétrolière publique comme président de la conférence. Cela signifie que les négociations sur l’abandon progressif de l’utilisation des combustibles fossiles seront désormais menées par un dirigeant pétrolier dont l’entreprise utiliserait la COP28 comme une occasion de promouvoir de nouveaux accords pétroliers. Pendant ce temps, conscients des restrictions sévères de l’espace civique aux Émirats arabes unis, les militants pour le climat ont exprimé leurs craintes d’être surveillés et détenus pendant la conférence. 

L’expression « maintenant ou jamais » est devenue un cliché dans le monde du plaidoyer, mais elle reste pourtant vraie dans de nombreux cas – et de façon plus pertinente encore en ce qui concerne le changement climatique. Nous manquons de temps pour agir sur le climat et avons déjà atteint certains points de basculement, ce qui implique désormais de manière inévitable des impacts négatifs du climat sur les être humains et la planète. Pourtant, chaque jour où nous agissons, nous pouvons prévenir davantage de dégâts futurs.

Les principaux enjeux de la COP

Malgré ses lacunes, l’Accord de Paris offre toujours l’un des cadres internationaux les plus solides pour contraindre les États à agir. Dans ce contexte, Franciscans International suivra de près les développements suivants à la COP28 :

  • La conférence comprendra le premier Bilan Mondial (GTS), grâce auquel les pays et les autres parties prenantes évalueront les progrès réalisés en matière de réduction des émissions sur la base des engagements nationaux qu’ils ont pris à la suite de l’Accord de Paris. Ils identifieront aussi les domaines dans lesquels ils ont pris du retard. Bien qu’il soit clair que nous sommes tristement loin du compte pour maintenir les températures moyennes mondiales « bien en dessous de 2°C », le GTS peut être mis à profit pour rehausser l’ambition de la prochaine série de plans d’action nationaux, qui doivent être mis en œuvre en 2025.
  • Les délégués des États sont également censés prendre une décision sur la sortie totale des énergies fossiles (phase out) ou sur une simple réduction progressive de leur utilisation (phase down). L’extraction continue de gaz, de pétrole et de charbon par les entreprises ne nuit pas seulement à notre planète, elle a également un impact négatif sur toute une série de droits humains, notamment le droit à la santé et le droit à un environnement propre, sain et durable. La décision de sortir des énergies fossiles est essentielle pour protéger à la fois notre maison commune et nos droits humains.
  • Les négociations sur un fonds de pertes et préjudices devraient être conclues lors de la COP28. Grâce à ce mécanisme, les pays riches – historiquement responsables de la plupart des émissions – devraient apporter un soutien financier aux pays pauvres afin d’atténuer les dommages de la crise climatique et de faciliter la sortie des énergies fossiles. Un mécanisme équitable et efficace sera essentiel pour s’assurer que personne n’est laissé pour compte.
  • Pour la toute première fois, la Conférence de l’ONU sur le climat comportera un pavillon de la foi, ce qui ressert plus encore les liens entre l’ONU et les communautés religieuses sur les questions climatiques. Bien que le pape François ait été contraint d’annuler sa visite pour des raisons de santé, l’archevêque anglican Julio se joindront à d’autres leaders religieux, soulignant que la justice climatique n’est pas seulement une question politique et de droits humains, mais aussi un impératif moral et spirituel.

La COP28 coïncide également avec le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le 10 décembre. Plus tard dans la semaine, le 15 décembre, le prestigieux Prix des droits de l’homme des Nations unies sera décerné à une coalition internationale d’organisations de la société civile dont fait partie FI pour son rôle dans la défense de la reconnaissance du droit à un environnement sain – un rappel pertinent que les questions environnementales sont aussi des questions de droits de l’homme. En reconnaissant ce droit, l’Assemblée générale des Nations unies a jeté les bases d’une approche de l’action globale fondée sur les droits.

Alors que les délégués se réunissent à la COP28, ils doivent mesurer l’importance du moment et enfin remplir leurs obligations en vertu du droit international.  Ils doivent savoir que le monde les observe et qu’il n’y a pas d’autre option que de décider d’actions urgentes et inclusives. Pour reprendre les mots du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres :  » Nous avons le choix. Action collective ou suicide collectif. C’est entre nos mains ».


Où nous trouver pendant la COP28 :

Rassemblement interreligieux de Talanoa
30 novembre – 12:30 CET)

En nous inspirant d’une forme traditionnelle de dialogue du peuple autochtone des Fidji pour résoudre les problèmes au sein de leur communauté, nous nous rencontrerons pour échanger à propos de nos initiatives, nos préoccupations et nos espoirs dans notre travail pour la justice climatique. Pour en savoir plus sur l’événement et participer à la retransmission en direct, c’est ici.

Le droit à un environnement sain – Et maintenant ?
(1er décembre – 13:45 CET)

Au cours d’un événement de haut niveau qui sera ouvert par le président de la Slovénie, nous explorerons comment le droit à un environnement sain peut être intégré, mis en œuvre et codifié par la communauté climatique internationale. Vous pouvez suivre la retransmission en direct ici.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.

Dans les années 2000, la découverte d’importantes réserves de gaz et de minerais dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, promettait d’apporter croissance économique et développement humain à la population. Cependant, alors qu’elle a donné lieu à des investissements massifs de la part d’entreprises européennes, les communautés locales n’en ont guère profité. Au contraire, l’exploitation des ressources a mis en évidence les inégalités et a participé à la montée de la violence. La situation à Cabo Delgado s’est encore aggravée en octobre 2017 lorsqu’un groupe extrémiste, connu localement sous le nom d’Al Shabab*, s’est engagé dans une insurrection brutale, ciblant aveuglément les citoyens. Depuis, des milliers de personnes ont été tuées et plus d’un million ont été déplacées.

Au milieu de cette crise complexe et aux multiples facettes, les Franciscaines Missionnaires de Marie (FMM), dont Sœur Thérèse fait partie, aident les personnes déplacées dans les camps en leur apportant un soutien psychologique et en organisant des formations pratiques, particulièrement à l’intention des jeunes femmes. Nous avons discuté de son travail quotidien avec les personnes touchées, de certaines des causes profondes de la crise, ainsi que de la manière dont elle envisage le plaidoyer international.


Est-ce que vous pouvez expliquer en quoi consiste votre travail ?

Au nord du Mozambique, l’arrivée des personnes déplacées internes a été soudaine et massive. Chaque jour, entre 300 et 500 personnes ont affluées, certaines avec leurs bagages, d’autres les mains vides. A partir de là, il a fallu prendre une décision rapide. Ayant déjà de l’expérience avec les réfugiés rwandais et burundais, je n’ai pas hésité à m’engager et me mettre à leur service. Grâce à la collaboration des autorités locales, nous avons pu trouver différents lieux d’accueil, et avons actuellement onze camps dans notre district. La première chose que nous faisons avec mes consœurs, c’est accueillir ces personnes sur une de nos parcelles et leur fournir l’aide d’urgence que nous envoie notre congrégation, qui inclut de la nourriture pour les premiers jours ainsi qu’une natte pour dormir. Notre travail a également une dimension psychologique : chaque matin, notre priorité est d’abord d’être près d’eux et de les écouter. Rien que dans notre présence, il y a quelque chose d’essentiel. Enfin, nous les formons afin qu’ils puissent subvenir à leurs propres besoins, et ainsi qu’ils ne deviennent pas dépendants.

Avant d’arriver dans ces camps, quelle a été l’expérience de ces personnes déplacées ?

De nombreuses personnes ont été déplacées à cause des attaques terroristes, qui ont commencé sans que la population ne s’y attende. Les villageois ont assisté, impuissants, à l’arrivée de groupes armés qui ont brûlé leurs maisons et décapité leurs voisins et proches. Quand tu vois cela, tu n’as pas le choix, tu dois fuir. Donc beaucoup d’entre eux ont été déplacés en raison de cette violence, mais cela n’a pas été l’unique facteur. En effet, le sol de la province de Cabo Delgado est riche en minéraux, ce qui en fait un endroit très attractif pour l’industrie minière. Plutôt que de dialoguer avec les populations autochtones et les chefs coutumiers, les entreprises transnationales les ont expulsés de leurs terres, souvent avec la fausse promesse de leur fournir en échange de nouvelles parcelles qui leur permettrait de poursuivre leur activité agricole.

Comment est la situation dans les camps ?

Grâce à l’aide d’organisations non-gouvernementales et ecclésiastiques, la situation s’est améliorée. Certaines s’occupent de l’eau en creusant des puits, les sanitaires sont dans de meilleures conditions, et de manière générale, le fait de collaborer avec d’autres entités permet d’avoir une meilleure prise en charge des besoins sur place. Par exemple, Médecins Sans Frontières (MSF) a été un des premiers présents sur place et à apporter une aide essentielle. Cependant, l’assistance humanitaire n’est pas toujours constante : par manque de fonds, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU va s’arrêter, et nous sommes donc en train de recevoir les derniers stocks de nourriture. C’est problématique, car la pluie se fait rare, et il faut compter trois mois pour récolter. Le plus difficile dans notre travail, ce sont les moyens. Si nous n’avons pas de moyens matériels, c’est fini.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à commencer ce travail et en quoi cela connecte avec votre vocation de sœur franciscaine ?

Dès le début de ma vocation, je me suis considérée comme missionnaire, ce qui signifie que j’accepte n’importe quel travail, même s’il est difficile et risqué. Notre fondatrice disait « ma consécration est l’amour », donc je dois aimer tout le monde sans distinction.Ma priorité, c’est d’aider ceux qui souffrent, mais je joue aussi un rôle de médiatrice. Dans le cas du Cabo Delgado, l’Etat a redistribué certains champs aux nouveaux arrivants (déplacés internes), créant d’importantes tensions avec les locaux. Ces derniers ont en effet commencé à exiger le partage des récoltes en tant que compensation pour le sol perdu. Dans ce type de situation, je ne prends pas parti et j’essaie de maintenir la cohésion. Enfin, je pense que mon travail reflète l’équilibre nécessaire entre prière et action.  

Quelle a été votre impression durant cette première expérience que vous avez eu à l’ONU ?

J’ai beaucoup aimé cette expérience parce que je pensais que seuls certains pays seraient représentés et auraient l’occasion de parler – je n’espérais pas qu’il y aurait autant de diversité dans les débats. De plus, les échanges auxquels j’ai assisté étaient très respectueux. J’ai donc maintenant une tout autre impression de l’ONU, et je vois à quel point le travail pour les droits humains est porté par de nombreuses personnes.

Quel est votre principal message à la communauté internationale ?

Ma demande principale, c’est que les droits humains et la liberté d’expression soient respectés. Dans le contexte des activités minières au Mozambique, il est nécessaire de commencer une conversation avec la société civile, et pour cela, la communauté internationale a un rôle essentiel à jouer. Il est en effet important qu’elle fasse pression sur les chefs d’Etats afin qu’ils dialoguent avec leur peuple, et assurent leur participation aux prises de décisions qui les concernent. Il est aussi de la responsabilité des gouvernements de poser des limites aux entreprises et de maintenir une réciprocité dans les échanges, qui soit inclusive des populations locales. Enfin, je suis convaincue que l’on pourrait tous très bien vivre ensemble sur cette terre si on respectait les droits humains, droits qui sont inclus dans les dix commandements de Dieu.

*Aucun lien avec le groupe somalien du même nom.

Pour plus d’informations, consultez notre article principal sur les Franciscains au cœur de la protection des droits humains.

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De nombreux amis, partenaires et collègues de Franciscans International se sont réunis à Genève et en ligne le 8 novembre afin d’inaugurer une nouvelle ère pour l’organisation et dire au revoir à Markus Heinze OFM, dont le dernier mandat en tant quedirecteur exécutif s’achève après plus d’une décennie. L’événement a également été l’occasion de rencontrer et d’accueillir son successeur Blair Matheson TSSF, qui assumera officiellement ce rôle le 1er janvier 2024.   

Markus a profité de l’occasion pour remercier les personnes engagées dans le travail de FI pour le soutien qu’il a reçu au cours des dernières années. « Tout ce que nous avons réalisé n’a été possible que grâce à vous tous. C’est comme un orchestre : chacun joue de son propre instrument, mais c’est ce qui crée des sons merveilleux », a-t-il déclaré. « Mais bien sûr, il ne s’agit pas de nos réalisations – il s’agit de notre mission et de notre vision qui consistent à respecter la dignité et les droits de chaque personne. Pour cela, je vous remercie. »

Réfléchissant au changement, le président du conseil d’administration international de FI, Frère Michael Perry OFM, a prononcé une courte allocution, explorant la signification du leadership dans un contexte franciscain et ses liens avec la défense des droits humains aux Nations unies.   

« L’une des choses les plus frappantes à propos du leadership dans le monde « franciscain » – si un tel monde existe vraiment – est le sentiment intuitif que la véritable autorité provient de la base, du fait d’être parmi les plus petits, de partager leur expérience et de s’engager avec eux, plutôt que de chercher à occuper une place au sommet de la société. »  

Pour conclure la réunion, les personnes présentes ont offert une bénédiction à Blair alors qu’il se prépare à prendre la relève. « Il était clair que mon temps à FI allait se terminer, et certains ont pu devenir nerveux à propos de ce qui allait suivre », a déclaré Markus. « J’ai promis aux gens que nous ferions de notre mieux pour trouver un bon directeur exécutif, mais je ne savais pas qu’il serait aussi bon. »

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Au cours de la dernière semaine d’octobre, les États membres de l’ONU se sont réunis à Genève pour poursuivre les négociations sur un nouveau traité qui réglementerait les activités des entreprises transnationales en vertu du droit international des droits de l’homme. Ce groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée (IGWG) a été créé en 2014 par le Conseil des droits de l’homme, reconnaissant que les entreprises sont parmi les principaux moteurs des violations des droits de l’homme dans le monde.

Franciscans International a participé activement aux neuf sessions du GTIG à ce jour, en fournissant à la fois une expertise technique et en offrant une plateforme aux partenaires afin que leurs expériences de première main puissent éclairer les négociations. Dans le passé, nous avons accueilli des Franciscains et d’autres défenseurs des droits de l’homme pour qu’ils témoignent de l’impact des activités commerciales sur leurs communautés, souvent avec des conséquences étendues et intergénérationnelles.

Les négociations commencent sérieusement

 Au début de la 9e session, plusieurs États ont soulevé des questions et des préoccupations concernant le processus par lequel le quatrième projet révisé – le texte proposé en cours de négociation – a été élaboré. Il s’agissait notamment de l’incorporation de certaines des 2022 propositions controversées faites par la présidence, ainsi que de l’absence de contributions intersessionnelles de la part de la région africaine.

Suite à l’accord sur l’affichage du quatrième projet révisé en format « propre » et « suivi des modifications » pendant la session, les négociations se sont poursuivies et ont couvert le préambule et les articles 1 à 3 au cours de la semaine. La session a vu une large participation des États, ainsi que de nombreux États qui n’avaient pas encore rejoint les négociations.

Bien qu’il s’agisse d’un signe encourageant, il existe toujours un désaccord fondamental entre les États sur le champ d’application du traité et sur les types d’entreprises qu’il devrait couvrir. De grands intérêts financiers étant en jeu, certains États et certaines entreprises ont tenté à plusieurs reprises d’affaiblir le texte. FI a présenté et participé à des déclarations orales, notamment en tant que membre des coalitions ESCR-Net et Feminists for a Binding Treaty.  Tout au long des négociations, nos interventions se sont concentrées sur la nécessité d’inclure un langage robuste qui établira des outils actionnables pour répondre à la réalité à laquelle de nombreuses communautés sont confrontées à la base.

Les voix de la base

Nous avons également coparrainé deux événements parallèles. Le premier événement, « Une discussion interrégionale pour mettre en lumière les questions clés que le traité peut aborder d’un point de vue féministe », a réuni un membre du personnel de FI et une sœur franciscaine du Mozambique, qui a discuté de la pertinence du futur traité dans les situations de conflit sur la base de son expérience de soutien aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Un deuxième événement, portant sur des cas concrets de violations des droits de l’homme et d’écodestruction, a permis d’examiner comment ces exemples abordaient des dispositions spécifiques du traité proposé, notamment ses dispositions relatives à la prévention, à l’accès à la justice et à la responsabilité. 

Pour aller de l’avant, le rapport du président-rapporteur propose une série de recommandations, notamment la présentation d’une décision de procédure au Conseil des droits de l’homme demandant des ressources humaines et financières supplémentaires pour soutenir le processus, la tenue de consultations intersessions sur la méthodologie et la convocation de « consultations thématiques intersessions et interrégionales » sur le projet de traité. 

FI continuera à suivre de près le processus et à contribuer activement, dans la mesure du possible, aux réunions intersessions et aux autres occasions de consultation.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.

Franciscans International est extrêmement préoccupé par la violence qui s’est emparée de la Terre Sainte ces dernières semaines, et nous nous joignons aux appels lancés par le Pape François et le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour un cessez-le-feu immédiat. Nous notons également que l’Assemblée générale des Nations unies a soutenu à une écrasante majorité une résolution exigeant une trêve humanitaire et la « libération de tous les civils qui sont illégalement retenus en captivité », ainsi que les déclarations urgentes publiées par un certain nombre d’agences, de fonctionnaires, et d’experts de l’ONU sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

Nous nous joignons au frère Massimo Fusarelli, ministre général des Frères mineurs, et aux frères franciscains de la Custodie de Terre Sainte, dans leur appel à prier pour la paix et à la « semer par des gestes concrets ».  

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« Cessez le feu. La guerre est toujours une défaite – toujours, toujours ! »

Pape François

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FI réaffirme que le droit international humanitaire ainsi que les droits humains doivent être respectés, et que le ciblage aveugle des civils ne peut en aucun cas être toléré. Les allégations d’atrocités de masse doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes, et toute personne violant ces principes fondamentaux doit être tenue pour responsable devant un tribunal, sans exception. En conséquence, nous saluons la récente visite du procureur de la Cour pénale internationale au point de passage de Rafah et nous l’exhortons à prendre les mesures qui s’imposent dans le cadre de son mandat. Plus généralement, tous les États doivent remplir leurs obligations en vertu du droit international et prendre des mesures concrètes pour assurer la protection des populations civiles.

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« L’enfer est visible sur les images des morts et des blessés, de la destruction des maisons, des églises et des mosquées, des hôpitaux, des écoles. Nous l’entendons avec les sirènes d’alerte en arrière-plan. Nous le ressentons dans l’air lourd qui sent la mort et la souffrance. Les victimes innocentes de cette guerre ne méritent pas l’enfer sur terre qu’elles vivent ».

Frère Ibrahim Faltas OFM, Vicaire de la Custodie de Terre Sainte, sur la situation à Gaza

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Comme l’a écrit le 24 octobre le patriarche latin de Jérusalem, S.E. Pierbattista Pizzaballa, il est de notre devoir moral de condamner sans équivoque cette violence. Comme il le souligne, ce n’est « qu’en mettant fin à des décennies d’occupation et à ses conséquences tragiques […] qu’un processus de paix sérieux pourra commencer ». Témoins des événements de ces dernières semaines, nous nous faisons l’écho du cardinal Pizzaballa pour dire que « la tragédie de ces jours doit nous conduire tous, religieux, politiques, société civile, communauté internationale, à un engagement plus sérieux à cet égard que ce qui a été fait jusqu’à présent ».

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Plus de vingt ans après la fin du conflit armé interne, le Guatemala souffre encore de ces décennies de violence extrême et de discrimination à l’encontre des communautés autochtones. L’impunité rampante et la corruption généralisée dans les hautes sphères du pouvoir persistent. Le pouvoir judiciaire joue un rôle important dans le musellement de la dissidence en bloquant les enquêtes sur la corruption et les violations des droits humains, et en poursuivant arbitrairement les journalistes et les juges indépendants. Le pays est également devenu l’un des endroits les plus dangereux pour les défenseurs des droits humains, qui sont régulièrement surveillés, criminalisés, harcelés et, dans certains cas, tout simplement tués. En août 2023, le candidat anticorruption Bernardo Arevalo a remporté de manière inattendue les élections présidentielles, redonnant espoir à la population. Mais depuis lors, le bureau du procureur général a cherché à délégitimer les résultats, ce qui a déclenché des manifestations dans tout le Guatemala. 

Dans ce contexte, nous avons rencontré Brenda Peralta, coordinatrice de la Commission Justice, Paix et Intégrité (JPIC) de la Famille franciscaine du Guatemala, membre du comité de plaidoyer du Réseau franciscain pour les migrants (FNM) et coordinatrice de l’initiative Causas Raíz au Guatemala. Nous avons discuté de la situation dans son pays et de la manière dont elle envisage son travail pour plus de justice.


Quels sont les principaux problèmes en matière de droits humains au Guatemala ?

Ces dernières années, le « pacte des corrompus » – un groupe d’élites puissantes liées au crime organisé – a sapé l’État de droit, avec des attaques systématiques contre des fonctionnaires de justice indépendants ainsi que la criminalisation d’activistes, de dirigeants autochtones et de journalistes. Après avoir dénoncé la corruption aux plus hauts niveaux du gouvernement, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), soutenue par les Nations unies, a été chassée du pays. Les communautés autochtones sont également souvent expulsées de leurs territoires, ce qui entraîne des déplacements internes et d’autres violations des droits humains. Le problème de ces terres est qu’elles ont été volées pendant le conflit armé interne, lorsque la population s’est exilée, et que les familles puissantes et les militaires ont transféré frauduleusement les titres de propriété à leur nom. Après les accords de paix de 1996, les gens sont retournés sur leurs territoires, mais aujourd’hui, ceux-ci sont récupérés par les propriétaires supposés avec l’aide du gouvernement et des groupes paramilitaires qui veulent les utiliser pour la production d’huile de palme, l’extraction minière et les projets hydroélectriques.

Qu’est-ce qui vous a incité à travailler sur ces questions et quel est le lien avec votre vocation franciscaine ?

J’ai rencontré les Franciscains pendant mon adolescence. Ils m’ont aidé à prendre conscience de ce qui se passait dans mon pays à l’époque, c’est-à-dire pendant les dernières années du conflit armé interne. Cependant, ce n’est que bien des années plus tard que j’ai connu la Commission JPIC. Leur engagement à prendre soin de notre maison commune et à la construction d’un monde meilleur pour tous est devenu un mode de vie pour moi. Nous cherchons à sensibiliser les communautés franciscaines religieuses et séculières aux problèmes sociaux et politiques et à la manière dont ils nous affectent. Nous essayons également de montrer l’importance de la solidarité et comment la participation politique et citoyenne contribue à créer des solutions.

Quels sont les principaux défis de votre travail ?

Je pense que l’un des principaux défis est la coordination de notre objectif commun, qui est de changer les structures injustes. Beaucoup a déjà été réalisé au niveau régional, avec l’Amérique centrale et le Mexique, mais il reste encore à faire. Nous travaillons sur de nombreux fronts simultanément pour pouvoir observer des changements. Cela peut être difficile, mais je le fais avec plaisir parce que c’est par conviction. Un autre défi consiste à encourager la défense des intérêts de la famille franciscaine. En effet, certains pourraient hésiter à s’impliquer dans certaines problématiques, parce qu’il y a toujours un risque de sécurité lorsqu’on travaille comme défenseur des droits humains.

De quelle réalisation êtes-vous la plus fière ?

La réponse positive et la confiance que de nombreux Franciscains ont reçues au cours de ces années nous font vraiment chaud au cœur. Nous avons établi des alliances avec des dirigeants, avec d’autres organisations religieuses, ainsi qu’avec la société civile. Un bon travail d’équipe était essentiel pour améliorer la façon dont nous faisons les choses et pour nous impliquer à différents niveaux, y compris au niveau international. Par exemple, la collaboration avec les Nations unies permet de rendre visibles des situations de violations des droits humains qu’il serait plus difficile de dénoncer localement pour des raisons de sécurité. Cela génère également de la confiance des personnes et des réseaux locaux avec lesquels nous travaillons déjà, et facilite les espaces de connexion pour créer de nouveaux réseaux.

Comment voyez-vous la différence entre le travail caritatif et le travail en faveur des droits humains ? Pensez-vous qu’ils se complètent ?

L’un des principes de la Commission JPIC est la charité, que nous comprenons à trois niveaux. Tout d’abord, l’assistance, comme nourrir ceux qui ont faim, ensuite, le promotionnel, qui consiste à sensibiliser l’opinion publique, et enfin, le structurel. Si certaines personnes se consacrent principalement sur le premier niveau – ce qui est très bien – je pense qu’il est essentiel d’aller plus loin et de travailler sur les causes profondes de l’injustice. En ce sens, l’action caritative et l’action en faveur des droits humains se complètent très bien.

Pour plus d’informations, consultez notre article principal sur les Franciscains au cœur de la protection des droits humains.

Il s’agit d’une traduction automatique. Nous nous excusons pour les erreurs qui auraient pu en résulter. En cas de divergence, la version anglaise fait foi.

En septembre, le Réseau franciscain pour les migrants (FNM) s’est réuni à San Salvador pour son assemblée annuelle. Représentant les préoccupations du réseau aux Nations Unies, Franciscans International a participé à cette réunion, qui a rassemblé des animateurs et des représentants de foyers franciscains pour migrants à travers les Amériques.

La semaine a été axée sur le renforcement des capacités, le partage d’expériences et la collaboration. Ensemble, les participants ont pu analyser comparativement la situation des migrants dans leurs pays respectifs et le manque de protection des personnes en déplacement. Bien que les contextes politiques puissent varier, les problèmes auxquels les migrants sont confrontés – tels que la violence, l’insécurité, le crime organisé et la corruption – sont souvent les mêmes. Tout en faisant le point sur leurs efforts communs pour protéger les migrants en Amérique du Sud, en Amérique centrale et en Amérique du Nord, les partenaires franciscains ont également réfléchi à la manière dont leur travail peut être renforcé.

Résister à l’invisibilité des migrants

En raison de leur statut défavorisé, les migrants sont vulnérables à une multitude de violations des droits humains, y compris la traite des êtres humains, les meurtres et les disparitions forcées. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les migrants dans les Amériques depuis le lancement de son projet « Migrants disparus » en 2014, avec plus de 1 400 personnes disparues ou décédées. Lorsque cela se produit, de nombreux membres de la famille restent dans l’ignorance du sort de leurs proches, car les enquêtes appropriées font encore cruellement défaut.

Au cours de la semaine, les Franciscains ont rencontré des membres du Comité des parents de migrants décédés ou disparus du Salvador (COFAMIDE), une initiative née en 2006 de parents de migrants disparus. Omar Joaquin, secrétaire général de l’organisation, a lui-même reçu une « dernière communication » de son fils avant sa disparition. Depuis, il a aidé des centaines de familles à obtenir des réponses sur leurs proches et plaide pour un renforcement des mécanismes de protection et de recherche.

Documenter la situation : un véritable défi

La réunion annuelle de 2023 a également mis l’accent sur l’importance de documenter ces violations des droits humains – un atelier relevant de la responsabilité de FI. Documenter et relier les expériences individuelles peut aider à distinguer les tendances et les dynamiques, à identifier les acteurs impliqués, et donc à constituer des dossiers plus solides pour le plaidoyer national et international. Cela permet également de construire et de maintenir une mémoire collective de ce qui arrive aux personnes en déplacement.

Avec l’aide de Margarita Nunez du Programme des affaires migratoires (PRAMI), ils ont identifié les différentes composantes de la documentation sur les droits humains et la manière dont chacune est essentielle à l’action humanitaire, judiciaire ou politique. En effet, comme il existe souvent un fossé entre les lois, les discours et les pratiques, il est essentiel de disposer d’informations précises et systématiques pour plaider en faveur du changement.

La documentation comprend également les incidents de sécurité à l’encontre des personnes qui travaillent pour soutenir et protéger les migrants. Dans un contexte de criminalisation et de menaces accrues à l’encontre des défenseurs des droits humains, Joaquin Raymundo de Protection International a rappelé aux participants que l’Assemblée générale des Nations unies avait contraint les États à protéger les défenseurs des droits humains. Cela a conduit à une discussion approfondie sur les expériences directes des participants en matière d’incidents de sécurité et sur la manière d’améliorer les capacités et les stratégies de protection afin d’atténuer ces risques.

Enfin, la semaine passée ensemble a démontré l’importance des alliances. La secrétaire exécutive de la FNM, Vianey Martinez, a déclaré : « Dans un esprit fraternel, nous avons créé un espace sûr et synodal pour élaborer avec FI un plan de travail triennal et discuter de nos prochaines étapes ». En fin de compte, cette collaboration permet aux Franciscains d’utiliser leurs compétences complémentaires, de partager les bonnes pratiques et de se soutenir mutuellement dans leur objectif commun de protéger et de sauvegarder la dignité humaine des personnes en déplacement.

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Le 21 septembre 2016, des hommes armés – dont certains portaient des uniformes les identifiant comme des membres de l’agence philippine de lutte contre la drogue – se sont arrêtés devant la maison d’Amelia Santos. « Je ne peux pas oublier la douleur que j’ai ressentie en me rappelant ce jour-là. C’était comme dans un film », dit-elle. Les hommes armés sont entrés dans le quartier et ont commencé à tirer. « J’ai ensuite vu mon mari allongé sur une table, le visage et le corps couverts de boue et de sang […] À ce moment-là, j’ai su que je devais être forte ». Par la suite, elle a appris que son mari avait été abattu de 28 balles. 

Il faisait partie des milliers de personnes tuées de manière extrajudiciaire dans le cadre de la brutale « guerre contre la drogue » menée aux Philippines par l’ancien président Duterte. Alors que le gouvernement admet qu’il y a environ 6 000 victimes, les organisations de la société civile ont documenté plus de 30 000 cas. Les meurtres se sont poursuivis malgré les promesses faites par une nouvelle administration qui a pris le pouvoir en 2022. Pour les victimes et leurs familles, qui appartiennent de manière disproportionnée à des communautés pauvres et marginalisées, il n’y a guère d’espoir de trouver justice auprès des tribunaux philippins. 

Ils se sont donc tournés vers les Nations unies, appelant le Conseil des droits de l’homme à soutenir les enquêtes susceptibles de déboucher sur l’obligation de rendre des comptes. Franciscans International, qui travaille en étroite collaboration avec les sœurs et les frères qui soutiennent les victimes aux Philippines, a été l’une des organisations à offrir une plateforme aux membres des familles. Ces expériences de première main sont également essentielles pour apporter un point de vue critique sur des initiatives telles que le programme conjoint des Nations unies sur les droits de l’homme, qui n’ont pas réussi jusqu’à présent à lutter efficacement contre les violations des droits de l’homme dans le pays. 

« Nous avons soif de justice. Nous vous demandons de nous aider à obtenir justice et à faire en sorte que la guerre contre la drogue ne soit pas oubliée. Votre soutien nous donnera un nouvel espoir – à nous qui luttons pour que justice soit rendue à nos proches », a déclaré Mme Santos lors d’un événement parallèle au Conseil des droits de l’homme. « Nous espérons et prions pour que vous vous joigniez à nous en nous donnant de la valeur. 

La « guerre contre la drogue » n’est qu’un des nombreux problèmes de droits de l’homme auxquels sont confrontés les Philippins. C’est pourquoi, en septembre 2022, FI s’est rendu dans le pays pour dresser une carte des défis actuels et organiser un atelier afin que les Franciscains et leurs partenaires puissent continuer à porter efficacement ces problèmes devant les Nations unies. 

Au cours de cette visite, l’une des principales préoccupations identifiées par les Franciscains était les dommages causés par des industries telles que l’exploitation minière et l’énergie géothermique. Bien qu’ils constituent ostensiblement une voie vers le développement, ces projets ont un impact dévastateur sur l’environnement. La faiblesse des réglementations et de la surveillance, combinée à la corruption, contribue à une protection insuffisante des communautés touchées. Ces projets aggravent également les effets déjà négatifs du changement climatique aux Philippines, un pays particulièrement vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes.

Aujourd’hui, les Philippines sont confrontées à une situation où un nouveau gouvernement s’est engagé devant les Nations unies à améliorer le bilan du pays en matière de droits de l’homme, mais n’a pas encore tenu ses promesses. Au contraire, un climat d’impunité continue d’alimenter les violations des droits de l’homme et les attaques contre ceux qui défendent la justice. Tant que ce contexte persiste, le Conseil des droits de l’homme ne doit pas fermer les yeux sur les Philippines. Les Franciscains restent déterminés à faire en sorte que ces défis soient portés à l’attention de la communauté internationale.

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Le Sri Lanka est marqué par des tensions et des affrontements ethniques de longue date. Bien que la guerre civile ait pris fin en 2009, le manque de cohésion sociale et l’échec du processus de réconciliation continuent d’alimenter la violence. Pendant les célébrations de Pâques en avril 2019, une série d’attentats-suicides dans trois églises et trois hôtels a tué plus de 250 personnes1, ce qui a ravivé les tensions. La situation des droits humains s’est encore détériorée en raison d’une crise économique qui a déclenché les manifestations de masse (Aragalaya2), qui ont conduit à l’éviction du président Gothabaya Rajapaksa en 2022.  

Dans ce contexte, le père Patrick Perera s’efforce d’obtenir justice, ainsi que la responsabilisation à la suite des violations des droits humains qui ont ébranlé son pays. Nous avons discuté avec lui de l’absence de justice transitionnelle, de l’impact qu’ont eu sur lui les attentats de Pâques, ainsi que de l’appel qu’il lance à la population pour qu’elle s’unisse.  


Pouvez-vous vous présenter et expliquer quels sont les principaux problèmes de droits humains dans votre pays ?  

Je m’appelle Patrick Sujeewa Perera et je suis un prêtre travaillant pour le service de Justice, Paix et Intégrité de la Création (JPIC) au Sri Lanka. Ces dernières années, mon pays a été confronté à une grave crise des droits humains, c’est pourquoi je me suis engagé dans des activités de défense des droits de la population. Le premier problème que je vois découle des trois décennies de guerre civile qu’a connues le Sri Lanka entre 1983 et 2009. Compte tenu de l’histoire brutale du pays, de fortes tensions subsistent entre les communautés cinghalaise et tamoule. Dans le même temps, la mauvaise gestion de l’économie par le gouvernement ainsi que la corruption ont entraîné une grave pénurie de carburant et d’autres produits de première nécessité, ce qui a provoqué les manifestations dites d’Aragalaya, auxquelles nous avons participé. Le troisième problème est la fréquence croissante des événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations dues au changement climatique, qui sont exacerbées par des projets non durables au nom du développement.  Enfin, les militants des droits humains font l’objet de nombreuses violences.  

 Qu’est-ce qui vous a incité à commencer ce travail et quel est le lien avec votre vocation de frère franciscain ? 

J’ai commencé comme volontaire, mais à l’époque je n’étais pas sûr de ce que je faisais. C’est lorsque j’ai été personnellement témoin des attaques de Pâques et que j’ai vu les restes des personnes à l’intérieur de l’église que j’ai ressenti un profond changement en moi. J’ai réalisé que si certaines personnes pouvaient commettre des actes aussi terribles contre l’humanité, il était de mon devoir de m’y opposer. Même si je ne m’attends pas à vivre dans un monde où il n’y a aucune injustice, en tant que franciscain, je ferai ce que je peux pour la combattre. Même aujourd’hui, lorsque je parle aux Nations unies, je me souviens de cet incident. Non seulement je prie pour les victimes, mais je fais entendre leur voix : Je pense que c’est la raison d’être de ma vocation.  

Que défendez-vous et pourquoi ? 

Nous plaidons en faveur d’une plus grande transparence et d’une plus grande prise de responsabilité du gouvernement, qui a la vie des gens ordinaires entre ses mains. C’est particulièrement important si nous voulons éliminer la corruption dans le système politique. En tant que religieux et militants pour les droits humains, il est de notre devoir de les maintenir sur la bonne voie. Ils doivent savoir que quelqu’un les observe. Je pense également qu’il est important de rappeler aux gens qu’ils ont le pouvoir de changer les choses. Le mouvement de l’Aragalaya a contribué à cela, car les gens ont compris qu’ils avaient le pouvoir de protester et de demander des comptes au gouvernement s’ils étaient unis.  

Dans le cadre de votre travail, vous êtes-vous déjà senti en danger, en particulier lorsque les autorités s’en prennent aux défenseurs des droits humains ?  

Dans le cadre de mon travail sur les attentats de Pâques, on m’a rappelé à plusieurs reprises de faire attention à mes activités, car nous exigeons du gouvernement qu’il rende des comptes et qu’il rende justice. J’ai également participé aux manifestations de l’Aragalaya, où j’ai dû faire face à des attaques au gaz lacrymogène ou à l’eau, mais ceci est assez courant. Même si jusqu’à présent, je n’ai pas reçu de menaces personnelles, je continue à prendre des précautions afin d’éviter d’être pris pour cible.  

 Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?  

Ce dont je suis le plus fier n’est pas quelque chose d’individuel, mais quelque chose que nous avons réalisé en tant que groupe. Après les attentats du dimanche de Pâques, d’autres chefs religieux du diocèse de Colombo, comme le cardinal Malcolm Ranjith, ont demandé une enquête impartiale sur cette attaque, mais cela n’a pas été fait. Après cet échec, le cardinal a voulu porter la situation au niveau international, mais il ne disposait pas de véritables outils ou mécanismes. À cette époque, l’Église catholique sri-lankaise et lui-même se sentaient désespérés, tout comme les victimes. C’est grâce à l’aide de Franciscans International que notre travail de terrain a finalement été porté au niveau international. En tant que Franciscains, nous avons une bonne réputation et nous sommes respectés – c’est un excellent exemple de l’efficacité de l’unité d’un groupe.  

 Comment voyez-vous l’évolution du rôle des Franciscains au Sri Lanka ?   

Nous avons toujours fait du travail caritatif, mais après les attentats de Pâques, nous avons commencé à mobiliser les gens, y compris d’autres groupes franciscains. Depuis lors, nous ne nous contentons plus d’agir seuls, mais nous collaborons avec l’ensemble de la famille franciscaine, comme les Missionnaires franciscains de Marie ou les Frères capucins. Des groupes de la société civile se sont également engagés avec nous, en particulier après l’Aragayala. En outre, nous sommes désormais présents au niveau international, de sorte que si certains groupes n’ont pas nécessairement accès aux Nations unies, nous pouvons les aider en portant leurs préoccupations à ce niveau. Enfin, la prochaine étape consiste à discuter de la manière dont nous continuerons à travailler ensemble en tant que famille et à élaborer des stratégies pour défendre les droits humains. 

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